Des ailes et des hélices

Airbus / Boeing : le duopol se renforce

On les croyaient menacés par l’arrivée de nouveaux concurrents sur le marché des avions commerciaux, il n’en est rien ! Les deux grands avionneurs que sont Airbus et Boeing ont su réagir et par deux fois. La première avec la remotorisation des familles « A320 » et « B737 », la seconde concerne les raprochements avec Bombardier pour Airbus et Embraer pour Boeing. Avançons-nous vers une nouvelle bataille des deux grands avionneurs ? Quelles conséquences pour l’avenir de l’aviation commerciale ?

L’alliance Airbus-Bombardier

 Tout commence ce printemps avec le début des tractions entre Airbus et l’avionneur canadien Bombardier à propos de la gamme CSeries de ce dernier. Car pour le canadien, l’une des grandes difficultés concerne la vente de son nouvel avion aux compagnies américaines, déjà courtisées par Airbus. De l’autre Boeing tente de bloquer ces ventes en invocant que celles-ci lui portent préjudice.

Une partie de la solution viendra de l’avionneur européen qui en proposant une alliance avec Bombardier lui ouvre la porte des USA et comble une faiblesse de la gamme de produit d’Airbus en ce qui concerne les monocouloirs.

Mais la prise de contrôle du programme CSeries par Airbus a également d’autres objectifs. Le premier doit permettre de combler l’affaiblissement conjoncturel de l’avionneur actuellement empêtré dans des affaires de corruption, qui vont lui coûter des milliards d’euros. Il s’agit également de rassurer les investisseurs dans une période ou une une guerre des chefs vient d’éclater au grand jour.

Un partenariat Boeing-Embraer

De l’autre côté de l’atlantique, la réponse ne s’est pas faite attendre, les deux avionneurs Boeing et Embraer confirment être en discussions sur un rapprochement de leurs opérations”, ont indiqué les deux constructeurs dans un communiqué, confirmant les informations du Wall Street Journal. Aucun chiffre n’a filtré sur la part de capital négociée, ni sur les modalités de l’opération. Bien que moins connu que les deux grands avioneurs, le brésilien Embraer n’est autre que le numéro trois des constructeurs mondiaux avec 6 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2016, Avec une gamme d’avions civils, militaires mais aussi de jets d’affaires. Une fusion entre les deux groupes donnerait naissance à un géant de l’aéronautique.

Critiques au Brésil

 Pour autant une absorption ne semble pas encore au goût du jour pour l’instant. Le gouvernement brésilien semble pour l’instant s’opposer à la transaction en recourant à sa “golden share”, action préférentielle qui lui donne un droit de veto sur les décisions stratégiques de l’avionneur. Le président Michel Temer semble déjà menacer d’utiliser cette arme : “Embraer ne sera jamais vendu sous mon gouvernement”, a-t-il déclaré, selon le quotidien brésilien Folha de São Paulo, qui précise que ces propos auraient été tenus lors d’une réunion avec le ministre de la défense et le responsable de l’armée de l’air. “Je ne crois pas que la période soit politiquement favorable pour que Boeing acquière Embraer, estimait ce matin l’analyste américain Ernie Arvai, du cabinet AirInsight. Les Brésiliens vont vouloir garder leur indépendance.”

En effet, le Brésil aurait fort à perdre dans une telle transaction au contraire de Boeing qui deviendrait l’incontesté numéro « Un » de l’aéronautique dans le monde. Par contre, Embraer à tout à gagner en devenant un allié sur certains produits avec Boeing. Situation qui pourrait encore évoluer à l’avenir avec l’avionneur suédois Saab. Car les suédois travaillent avec Boeing sur le futur avion école de l’US Air Force, le T-X et également avec Embraer sur le Gripen E. Les trois avionneurs sont en partie liés en matière de synergies.

Quels effets pour ces rapprochements ?

Alliance pour les uns raprochement pour les autres, les effets iminents vont en premier lieu renforcer la capacité de production et de développement des deux grands de l’aviation. Le duopole en sortira un peu plus renforcé. De l’autre, la puissance industriel occidentale se renforce face à l’arrivée prochaine d’un nouvel acteur sur ce secteur, la Chine. Mieux, Bombardier et Embraer ne devraient donc pas pouvoir tomber un jour ou l’autre en mains chinoise, ce que redoutaient déjà certains économistes.

 

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