Economie libérale? Mon c…!

 

"C'est grâce à une économie libérale que la prospérité et le filet social sont possibles en Suisse", affirme pompeusement "succèSuisse", une association dont l'objectif est de "rassembler les forces libérales qui s'opposent aux visions de certains qui souhaitent compromettre notre prospérité et notre sécurité sociale". Oh! que c'est bien dit! Brrr!!! Cela fait froid dans le dos de savoir qu'il y a dans notre beau pays des vilains et méchants qui veulent compromettre notre prospérité et notre sécurité sociale. Où donc se terrent-ils et que fait la police?

Après tout, c'est grâce à ces forces libérales que nous comptons plusieurs centaines de multimillionnaires en Suisse, tous (évidemment) devenus riches à la sueur de leur front et tant pis pour ces 750.000 citoyens peinant à nouer les deux bouts et devant se battre pour des salaires trop souvent de misère. C'est ça, l'économie libérale et le monde nous envie.

Certes l'économie planifiée à la soviétique n'a pas été la panacée espérée au début du siècle dernier, mais le libéralisme à la Milton Friedman a entraîné des dégâts gigantesques partout sur la planète et un écart croissant entre riches et pauvres (ce qui, on le comprend, ne gêne pas trop les riches). Les "libéraux" de "succèSuisse" oublient évidemment leur plaidoyer pour que l'Etat intervienne pour sauver UBS, tout comme ils peinent à se souvenir de leurs cris de désespoir lorsque le franc suisse devenait trop cher et qu'à genoux, ils priaient l'Etat d'intervenir pour stabiliser le cours de l'Euro…

Même genre de discours chez les "Non à l'initiative 1-12" (ce qui n'est pas étonnant, puisqu'on y retrouve en bonne partie les mêmes loulous majoritairement patrons et politiciens UDC/PDC et PLR). Ainsi, le Grand Libéral qu'est le président de l'UDC Tony Brunner s'inquiète que "toute une série d'initiatives menacent notre liberté, notre place économique et le modèle auquel nous devons notre succès" (je suppose que ce "modèle" comprend nos sympathiques banques et la pluie d'amendes qu'elles paient et auront à payer). Mais où donc est Guillaume Tell quand on a tant besoin de lui?

Les Fulvio Pelli (entre autres, président de la banque cantonale du Tessin), Isabelle Chevalley (princesse des éoliennes) et autres smicards qui siègent au comité du "non" (http://www.1-12-nein.ch/fr/comite/) ont tort de prendre les Suisses pour des ploucs. Qu'ils fournissent des arguments objectifs contre cette initiative (il y en a de bons), plutôt que de jouer la carte patriotique en débitant des âneries visant à faire peur à la population. Même si c'est là une méthode que l'UDC manie avec un certain succès…

Les nantis, les privilégiés et les personnes au pouvoir n'abandonnent jamais volontairement leurs avantages et privilèges. L'heure serait-elle venue de leur donner une petite chiquenaude?

Michael Wyler

Heureux retraité, Michael Wyler est un ex. Ex avocat, ex directeur de feu le Groupe Swissair en Chine et ex dircom. Au passé comme au présent, journaliste, chroniqueur, père de Jonathan et Julie, dont il est fier, tout autant qu'il l'est de son épouse Cécile, hypnothérapeute, enseignante en hypnose et PNL, auteur et conférencière.