Adeline M., R.I.P

Sans vergogne, sans pudeur, sans gêne, les "experts" du "j'vous l'avais bien dit", se ruent comme des vautours sur les media, presse écrite, chaînes de radio et de télévision, pour expliquer ce qu'il eut fallu faire pour éviter ce drame.

Pour les uns, tout ça, c'est de la faute à une gauche laxiste et bien pensante, qui croit que l'être humain est foncièrement bon et pense que claquer des millions pour la réinsertion est une bonne chose. Pour d'autres, c'est la faute aux psy, qui croient maîtriser une science qui n'en est pas une. Pour d'autres encore, c'est le "système" qui est pourri. Et donc hop ! castration (chimique oui pas) pour tous les prédateurs sexuels.

Je n'ai pas envie de participer d'une façon quelconque à ce jeu obscène, mais simplement d'apporter quelques faits comme éléments de réflexion. Car une réflexion sur le fond me semble nécessaire.

La population augmente. L'écart entre riches et pauvres augmente. Les frontières disparaissent et la délinquance augmente.  

Nos prisons sont surchargées. Il y a actuellement en Suisse quelque 6.000 personnes détenues dans 113 bâtiments cellulaires. Le taux d'occupation moyen des prisons dépasse 90 % et dans plusieurs d'entre elles, il y a des listes d'attente. Quelque 30 % des détenus sont des Suisses, 70 % des étrangers avec ou sans permis. Garder une personne en prison coûte en moyenne 140.000 francs par année à la collectivité. Soit une dépense directe de près d'un milliard de francs par an. Quant aux coûts indirects (frais de santé et de soin, indemnisation des victimes, perte de journées de travail, etc.), ils représentent vraisemblablement un multiple de cette somme.

L'année dernière, dans notre pays, 6.500 infractions contre l'intégrité sexuelle ont été dénoncés aux autorités. Le taux de récidive pour les condamnés suite à des violences sexuelles est estimé à 25 %. Il est par ailleurs avéré que seule une faible partie de ces infractions fait l'objet d'une plainte.

La question n'est malheureusement plus de savoir ce qui aurait pu ou dû être fait ou pas, mais de tout mettre en oeuvre pour que cela ne puisse plus se reproduire. Mais en l'absence d'une véritable réflexion on ne fera que passer d'un extrême (facilitation de la réinsertion avec un régime de liberté plutôt souple) à l'autre (peines plus lourdes, plus longues et sans espoir d'assouplissement du régime carcéral)  et on n'aura rien résolu.

Michael Wyler

Heureux retraité, Michael Wyler est un ex. Ex avocat, ex directeur de feu le Groupe Swissair en Chine et ex dircom. Au passé comme au présent, journaliste, chroniqueur, père de Jonathan et Julie, dont il est fier, tout autant qu'il l'est de son épouse Cécile, hypnothérapeute, enseignante en hypnose et PNL, auteur et conférencière.