Le beurre et l’argent du beurre

Manque de bol: nous vivons plus longtemps. Et manque de bol pour Alain Berset (qui en prend plein les gencives avec son projet de réforme des retraites), l'intelligence des perlementaires évolue bien plus lentement que la durée de la vie. En gros, au programme de M. Berset:

– Relever l'âge de la retraite à 65 ans pour les femmes. Ce qui ne nous rendra toujours pas égaux les femmes vivant plus longtemps que les hommes… Ainsi, à la naissance, l'espérance de vie est de 84,7 ans pour les femmes et de 80,3 ans pour les hommes. A 65 ans, elle est de 22,2 ans pour les femmes et 19 ans pour les hommes. Il semble donc logique et juste de relever l'âge de la retraite des femmes, même si à terme, cela risque de ne pas être suffisant, puisqu'on estime que dans 30 ans, l'espérance de vie aura encore augmenté de 3-5 ans…

– Réduction du taux de conversion de la LPP de 6,8 à 6 %, ce qui réduirait en gros les rentes du 2ème pilier de 10 %.

– Une augmentation du taux de la TVA.

A gauche, on pousse des cris d'orfraie chaque fois que le Conseil fédéral envisage de toucher aux rentes et à droite, on hurle à l'idée de faire supporter une hausse de la TVA à l'économie.

Ayant passé l'âge de 65 ans, je reconnais qu'il est un peu fastoche de se gausser de cette levée de boucliers. N'empêche que cette façon qu'ont nombre de politiciens de se passer la patate chaude est déplorable.

Nous vivons plus longtemps, nous vivons mieux. Nous souhaitons disposer d'une retraite confortables et des meilleurs soins possibles jusqu'à notre dernier souffle. Cela a un coût.

Qui devrait l'assumer? L'Etat bien sûr, répond-on à l'unisson. Mais avec quel argent? Y'a qu'à plus taxer les riches et les entreprises, clame-t-on à gauche. Y'a qu'à baisser les impôts des riches et des entreprises pour rendre notre pays plus attractif et attirer de nouveaux contribuables clame-t-on à droite.

Comme il n'y a pas de miracles, il serait peut-être temps de se faire à l'idée que nous avons tous à participer au coût de notre bien-être matériel, une fois passé l'âge de la retraite. Cela passe par une augmentation des cotisations, une hausse de la TVA et une baisse des prestations et des économies individuelles. Point.

Dommage que peu de politiciens, qu'ils soient de gauche ou de droite, ont le courage d'un Couchepin ou d'un Berset qui disent les choses comme elles sont et sont disposés, eux, à en assumer le prix. Ne serait-ce qu'au niveau politique.

Michael Wyler

Heureux retraité, Michael Wyler est un ex. Ex avocat, ex directeur de feu le Groupe Swissair en Chine et ex dircom. Au passé comme au présent, journaliste, chroniqueur, père de Jonathan et Julie, dont il est fier, tout autant qu'il l'est de son épouse Cécile, hypnothérapeute, enseignante en hypnose et PNL, auteur et conférencière.