Le crime ? ça paie ! (bis)

Moi, Jamie Dimon, patron de la banque JPMorgan Chase, je me marre !

Comme le dit un rapport du sénat américain, j'ai contribué à faire perdre 6 milliards à ma banque l'année passée. Record battu les loulous ! Et vous allez rigoler: j'ai été puni. Bouh ! C'est que je suis un tout vilain…arf arf  ! Selon ce rapport, ma banque a "mal informé les investisseurs, les régulateurs et le public sur la nature, les activités et le risque des dérivés de crédit début 2012". Il affirme aussi que malgré le fait que j'étais au courant de pertes catastrophiques, j'ai menti aux régulateurs et au public, leur ai fourni des informations incorrectes et ai comparé les rumeurs au sujet de ces pertes à une tempête dans un verre d'eau.

Et donc, puni le Jamie ! Au coin ! Hahaha ! Mon bonus a été réduit à 10 millions de dollars et donc, je n'ai gagné que 11,5 millions en 2012.. Même pas un million par mois. Argh ! Comme les gens sont méchants… et, disons-le clairement, cons comme des balais ! Il y en a même qui affirment qu'avec cette tape sur les doigts, "le message est clair: Jamie Dimon est indirectement responsable de ces spéculations et de cette perte". Sans blââââgue ! comme aurait dit Grock.

Je ne me suis pas tapé la lecture de ce rapport de plus de 300 pages (qui donc a le temps de lire de telles âneries ?). Comme nombre de mes collègues avant moi, je me suis fendu d'un petit mea culpa bien torché: "nous reconnaissons avoir commis de graves erreurs et j'assume une part de responsabilité" et vogue la galère ! Notez bien que je parle d'erreurs et pas de "faute". Faut quand même pas charrier !

Il parait que le rapport du Sénat évoque une "combinaison toxique de spéculation éhontée, de manipulation des bilans et d'un mépris affiché pour les régulateurs". Yes I can ! Poursuites pénales ? Vous rigolez, ou quoi ? Prison ? No way baby ! Comme mes amis et collègues de la HSBC, de la Barclays, de l'UBS, de Goldman Sachs et quelques autres, je sais bien que je risque plus la tôle en piquant une boîte de caviar au supermarché qu'en pigeonnant des clients. A condition évidemment de faire les choses en grand. Et une perte de 6 milliards, c'est quand même pas du pipi de minet !

La meilleure, c'est que mon revenu a quand même dépassé celui de mon copain Stuart Gulliver de la HSBC, lui aussi puni, comme l'a écrit Wyler dans son blog en décembre dernier (http://www.hebdo.ch/les-blogs/wyler-michael-post-scriptum/si-si-le-crime-%C3%A7a-paie)  et donc, champagne ! Enfoncé aussi, le Sergio Ermotti de UBS avec ses 8,9 millions de revenus ! Faut dire que sa banque n'a perdu que 2,5 milliards en 2012. Riquiqui !.

Bon, je vous laisse. Le week-end approche et mon yacht est paré. Quelques jours aux Caraïbes me feront le plus grand bien. Après tout, choper un tel fou-rire, ça fatigue…

 

 

Michael Wyler

Heureux retraité, Michael Wyler est un ex. Ex avocat, ex directeur de feu le Groupe Swissair en Chine et ex dircom. Au passé comme au présent, journaliste, chroniqueur, père de Jonathan et Julie, dont il est fier, tout autant qu'il l'est de son épouse Cécile, hypnothérapeute, enseignante en hypnose et PNL, auteur et conférencière.