Gaza: tunnels en berne

Vous le saviez (ou pas), le territoire de Gaza a des frontières avec deux pays: l'Egypte et Israël. Ces dernières années (notamment suite à la victoire électorale du Hamas), ces deux voisins de Gaza avaient quasiment fermé leurs frontières, rendant la vie bien difficile aux Gazaouis. Mais, les quelque 1,6 millions d'habitants de cette petite bande de terre ont appris à se débrouiller, notamment en creusant au fil des ans des centaines de tunnels de 700-800 mètres de long reliant Gaza à l'Egypte. Une véritable industrie qui, à son apogée, occupait entre 12 et 15.000 personnes et fournissait plus de la moitié des produits que l'on trouvait sur les marchés et dans les magasins de Gaza.

Une belle affaire pour les propriétaires de tunnels. Car, si faire creuser un tunnel coûtait (selon la hauteur et la largeur) entre 150 et 250.000 francs, pendant les belles années, certains proprio se faisaient plus de 20.000 francs par jour en important des produits de consommation, des motos et de voitures et accessoirement…  des armes et des explosifs. Une belle affaire aussi pour le Hamas, qui délivrait à prix d'or des autorisations d'exploiter un tunnel et taxait tout ce qui y transitait, empochant ainsi quelque 200 millions de francs par année. J'évoque tout cela au passé, car les beaux jours, c'est terminé. Du côté israélien, le blocus a été fortement allégé et des centaines de camions de marchandises passent quotidiennement la frontière. Du côté égyptien par contre, on ne fait pas faire dans la dentelle !

En effet, le gouvernement de M. Morsi a commencé, il y a peu, par déverser des milliers de mètres cubes d'eau d'égout contenant des excréments dans ces tunnels clandestins et ces derniers jours, un tribunal égyptien vient d'ordonner la destruction de tous les tunnels. Et comme dit, il y a en a des centaines !

C'est que M. Morsi, tout comme son prédécesseur M. Moubarak, n'a aucune envie de voir des "militants" du Hamas débarquer avec armes et bagages dans le péninsule du Sinai ou pire, en Egypte et donc, son gouvernement – pourtant idéologiquement assez proche du Hamas – emploie la méthode forte.

Comme dans bien d'autres situations, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Si les propriétaires de tunnels pleurent, les commerçants sont heureux: quelque 5.000 tonnes de marchandises sont importées quotidiennement via Israel, les supermarchés sont pleins et même si la totale liberté de mouvement (dont les Gazaouis ne disposent pas) reste le bien le plus précieux, en ce moment, on ne manque de rien à Gaza.

Michael Wyler

Heureux retraité, Michael Wyler est un ex. Ex avocat, ex directeur de feu le Groupe Swissair en Chine et ex dircom. Au passé comme au présent, journaliste, chroniqueur, père de Jonathan et Julie, dont il est fier, tout autant qu'il l'est de son épouse Cécile, hypnothérapeute, enseignante en hypnose et PNL, auteur et conférencière.