Pour les gros fumeurs, Beijing est une destination de rêve: se faire deux paquets par jour est bien moins nocif que de respirer l'air pollué de la ville. Fumer en plein "air" pourrait d'ailleurs devenir la dernière mode en matière de suicide lent: ces derniers jours, le record absolu de pollution a été largement battu avec 993 microgrammes de particules fines par m3, soit 30 % de plus que le record précédent. Au point d'ailleurs que les instruments usuels de mesure ne sont plus à même de suivre, que par mesure de précaution, certaines usines ont cessé temporairement leurs activités et que les 20 millions d'habitants ont été priés de rester chez eux si possible.

Pour mémoire, un taux inférieur à 50 est considéré comme "sain" et un taux de 500 est gravissime, ces particules étant assez petites pour pénétrer le flux sanguin et endommager les poumons de manière durable. Causes principales: les nombreuses usines qui utilisent du charbon, la circulation automobile et l'absence de vent.
Et cela ne va pas s'améliorer rapidement: avec ses 45 ville de plus de 2 millions d'habitants, une urbanisation et un bien-être croissants, un réseau autoroutier en pleine expansion, la Chine est devenue le plus important marché mondial de l'automobile (19,3 millions de véhicules vendus en 2012, croissance projetée 2013: + 10 %).
Certaines villes, comme Beijing, ont introduit la circulation alternée: selon le dernier chiffre du numéro de la plaque, on peut conduire certains jours, d'autres pas. Mais ceux qui en ont les moyens – et ils sont nombreux – ont soit acheté une deuxième voiture ou se sont procuré une seconde paire de plaques d'immatriculation et roulent quand cela leur chante.
Certes, la vente de véhicules "verts" croit également, mais pas aussi rapidement que les grosses cylindrées friandes en essence. Prisées par le million de millionnaires que compte la Chine, ces Rolls (il s'en vend 3 par jour en Chine), Bentley (2.253 ventes en 2012), Lamborghini (350 ventes en 2012) ou Jaguar Rover (73.347 ventes) partent comme des petits pains.
On estime à 2.000 par jour le nombre de décès prématurés dû à la pollution en Chine. Mais avec une croissance quotidienne nette de 23.300 personnes, polluer plus ne semble pas être la meilleure réponse au problème de la surpopulation.