Bidonville pour travailleurs étrangers. Bidonvilles pour Qatari et expatriés.
Hamad ben Khalifa Al Thani ne joue pas à Euro Millions. Il n'en a pas vraiment besoin. Propriétaire d'un lopin de terre (11.000 km2) bien situé, il encaisse quotidiennement un jackpot de 160 millions de francs grâce au gaz et au pétrole que produit le Qatar, son pays.
Ses 250.000 sujets (dont ses 24 enfants de 3 épouses) nagent dans l'opulence et bénéficient du "tout gratuit" (soins, électricité, eau, éducation, etc.). Ce n'est évidemment pas le cas du million de travailleurs étrangers qui construisent ses joujoux…
Son pays ne compte ni parti politique, ni opposition (sauf celle qui est en prison) et donc, il applique la devise de Rabelais: "fais ce qu'il te plait" .
Le pied, quoi ! Et que je m'achète une équipe de foot et la Coupe du Monde 2022, et que je claque 200 millions pour des joueurs; et que je m'achète pour 4 milliards de palaces en France et quelques hôtels prestigieux en Suisse et pendant qu'on y est, vous me mettrez aussi le village olympique de Londres pour 760 millions et Harrods. Ah ! j'oubliais, il me faudrait aussi quelques pourcents du Cédit Suisse siouplait ?
Pourquoi parler du Qatar aujourd'hui ? Parce que jusqu'au 7 décembre, l'Emirat accueille la 18ème conférence sur le climat de l'ONU, une belle réussite pour le plus gros émetteur de dioxyde de carbone par habitant au monde, presque trois fois plus qu'un Américain et huit fois plus qu'un Chinois.
Le Qatar a certes signé le protocole de Kyoto, qui limite les émissions de gaz à effet de serre. Mais, pays en développement au moment de la ratification, il ne s'est pas vu fixer d'objectif de réduction de ses rejets, et n'a pris aucun engagement volontaire. La consommation d'électricité (gratuite) ne cesse d'y augmenter, tout comme celle de l'eau (gratuite) qui provient le dessalement d'eau de mer, technologie particulièrement friande en énergie comme on le sait.
Pourquoi parler du Qatar aujourd'hui ? Parce que, comme notre ami Alain Bittar le relève, Mohammed al Ajami, un jeune poète du Qatar, vient d'être très discrètement condamné à la prison à vie pour insulte envers l'émir et atteinte à la Constitution. Un de ses poèmes disait en effet: "nous sommes tous la Tunisie face à une élite répressive".
On aurait toutefois tort de croire que la liberté d'expression n'existe pas au Qatar. La preuve ? L'émir dit tout ce qu'il veut.