La lutte continue !

Les cinquante ans du suffrage féminin au niveau national, voilà ce que nous fêterons le 7 février. Il aura fallu attendre le début des années 1970, alors que les femmes s’engageaient et se mobilisaient dans les mouvements de gauche depuis la fin du 19e siècle.

 

En 1918, Rosa Bloch-Bollag, présidente de la commission de l’agitation des femmes du PSS et seule femme du Comité d’Olten, fit intégrer la revendication du droit de vote des femmes à l’appel à la Grève générale. Même si ce ne fut pas la revendication la plus soutenue à l’époque, cela a toutefois permis de déclencher un débat politique sur les droits des femmes. Plusieurs propositions ont ensuite été faites au Parlement fédéral, mais il a fallu attendre 1959 pour que des femmes suisses puissent s’aventurer dans un bureau de vote. C’était en Valais, à Unterbäch, où le Conseil municipal avait décidé que les femmes de la commune devaient participer à la votation fédérale sur l’introduction d’un service obligatoire pour les femmes. Verdict du scrutin national ? 51,9 % de non.

 

Cette votation et surtout les débats qui l’accompagnèrent ont convaincu le Conseil fédéral de proposer un vote sur le suffrage féminin. Ainsi, en 1959, après un processus parlementaire quelque peu étonnant (les opposants ont accepté, pour ensuite encourager les citoyens à refuser), les deux tiers des hommes suisses qui ont voté ont dit non au suffrage féminin. Ils refusaient tout simplement aux femmes de faire entendre leur voix. De nombreux autres pays avaient pourtant introduit le suffrage féminin depuis le début du 20e siècle.

 

Ce revers ne reflétait toutefois pas la volonté de tous les cantons, puisque à Neuchâtel tout comme dans le canton de Vaud, le suffrage féminin a été accepté en 1959. C’est ainsi que la socialiste Hélène Chollet-Dubied est devenue la première conseillère générale élue en Suisse, à Colombier. Ce fut ensuite au tour de Raymonde Schweizer d’être la première députée. Notre canton, pionnier, a rendu audible la voix des Neuchâteloises en 1960.

 

Il fallut attendre le vote positif des hommes suisses, le 7 février 1971, après plusieurs mobilisations – des femmes mais aussi des mouvements de jeunesse ou étudiants –, pour que les Suissesses aient enfin le droit de vote et d’éligibilité à l’échelon national. Une victoire pour la démocratie, les droits humains et surtout pour la moitié des personnes du pays. Enfin, notre voix pouvait être entendue !

 

Cinquante ans. Un constat s’impose : tous les droits ont été obtenus après de longs combats. Le combat pour une société plus féministe n’est pas encore arrivé à son terme, nous le savons. Ce jubilé est néanmoins l’occasion de rendre hommage à Rosa Bloch-Bollag, Emilie Liberherr, Hélène Chollet-Dubied, Raymonde Schweizer et encore à toutes les femmes qui se sont battues, chacune à son niveau, durant cette longue lutte.

 

 

Martine Docourt

Députée au Grand Conseil neuchâtelois depuis 2009, Martine Docourt a présidé le groupe socialiste de 2013 à 2017. Depuis 2017, elle copréside les Femmes socialistes suisses. En tant que géologue de l’environnement, elle a eu plusieurs expériences dans l’administration publique cantonale et fédérale. Depuis 2020, elle est responsable nationale du Département politique du syndicat Unia. Elle vit à Neuchâtel avec ses deux jeunes enfants et son mari.

2 réponses à “La lutte continue !

  1. Franchement arrêtez de ressasser le passé et regardez le présent.
    Actuellement les jeunes femmes en Suisse ont les mêmes possibilités et droits que les hommes et c’est tant mieux. Alors SVP merci d’arrêter de jouer un rôle de victimisation et de pleurnicher. On n’a pas ceci, on ne peut pas faire cela, on ne me respecte pas, on n’est pas gentil avec moi, etc…
    Bref comme n’importe qui soyez responsable et adulte! En une phrase la qualité de votre vie dépendra de ce que vous en ferez.

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