Nouveau 14 juin, nouvelle grève des femmes, nouvelles revendications, nouvelles turbulences. “Les raisons de notre colère sont toujours les mêmes”, martèle le comité de la grève féministe dans son communiqué. Aveu de faiblesse et d’inefficacité s’il en est : si, après plusieurs grèves consécutives, les constats sont toujours les mêmes, peut-être faut-il interroger l’efficacité du moyen. Si la grève était efficace, les choses auraient évolué. Si elle ne l’est pas, il faut envisager une autre manière d’ “agir”.
Mais bien plus que l’action, c’est le processus de réflexion qu’il s’agit d’interroger ici. Peut-on vraiment envisager d’avancer ensemble vers une société meilleure si chaque groupuscule revendicateur ne regarde que soi et son propre intérêt ? Qu’est-ce que la politique, si ce n’est ce qui nous permet de vivre ensemble le plus harmonieusement possible ? Du grec « polis », la cité, la politique a pour objet l’entier des citoyens et du fonctionnement sociétal. Faire de la politique, c’est au fond travailler à ce bien commun, mener des actions et agir sur des systèmes qui visent à permettre aux individus que nous sommes d’évoluer en société. La politique doit donc travailler à ce délicat équilibre visant à concilier de façon harmonieuse les intérêts individuels et les intérêts collectifs. Equilibre délicat, car il s’agit de ne nuire ni au bien commun, ni aux différents biens particuliers. Le but final étant de nous permettre à tous de vivre ensemble, et que ce vivre-ensemble nous soit plus profitable que si nous avions dû évoluer seul.
Les néo-féministes prétendent servir la femme mais elles desservent bien plutôt son intérêt et son image. Chaque 14 juin et chaque revendication est une nouvelle occasion de montrer de la femme politique une image pathétique et réductrice, tellement centrée sur elle-même qu’elle ne parvient plus à regarder le reste de la société. La femme milite pour la femme, les non-binaires pour les non-binaires, les LGBT pour les LGBT… Après la lutte des classes, voici la lutte des sexes, des genres, des races, des âges… Comme nous sommes loin de cette vision noble et responsable de l’humain qui se préoccupe autant, si ce n’est davantage, de l’harmonie générale du monde que de ses propres préoccupations. Le drapeau des néo-féministes serait bien davantage révélateur de leur état d’esprit et de leurs préoccupations s’il arborait un nombril plutôt qu’un poing levé.
Incohérence de ces pseudo-féministes qui prétendent défendre la femme, mais militent pour le voile intégral ; inefficaces leurs actions qui conduisent chaque année aux mêmes constats et aux mêmes revendications ; pathétique l’image qu’elles donnent de la femme obsédée par sa seule personne et ses seuls droits ; oppressante leur pensée unique qui vise à faire croire que toutes les femmes se rallient à leur vision du monde, comme si la femme n’était pas capable d’autant de richesses et de variétés intellectuelles que les hommes. Elles réclament l’évolution de la société mais se montrent incapables d’évoluer elles-mêmes, restant figées dans des discours et des manières d’agir qui ne se justifiaient que lorsque nous n’étions pas citoyennes.
Les femmes UDC, une fois de plus, prennent leur distance avec ces perturbations sociétales bruyantes et inutiles. Elles se veulent politiques au sens large et noble du terme, préoccupées par le bien de tous et engagées pour une société plus respectueuse et moins individualiste. Seule une vraie collaboration réfléchie, constructive et respectueuse peut contribuer à faire évoluer notre société vers un monde où chaque individu (et non pas les femmes seules) trouve davantage sa place et son épanouissement.
En dépit de tout ce qu’on a pu dire, le centre du monde n’est pas là-bas, quelque part au fond de l’univers, mais bien ici, au niveau de notre nombril.
(Adapté d’après Aldous Huxley)
Quand j’étais étudiant dans les années soixante, celles et ceux de ma génération croyaient de leur devoir de lancer pavés et cocktails Molotov contre les flics, qui le leur rendaient bien. Si vous ne juriez pas par la Sainte Trinité Lénine-Trotsky-Mao et ne pratiquiez pas le tutoiement obligatoire, vous étiez jugé facho-réac d’office, sans circonstances atténuantes.
Le soir de la bataille, nous allions manger une bonne choucroute chez Papa et Maman et repartions à la fête le lendemain, après avoir bien craché dans l’assiette des bourgeois qui nous nourrissaient. Comme les temps changent…
Devenu enseignant, le métier qu’on fait quand on ne sait rien faire d’autre – those who can, do; those who can’t, teach (George Bernard Shaw, ‘Man and Superman’) – j’ai constaté que le parti nombriliste – les femmes majoritaires dans l’enseignement n’étant pas le moindre des problèmes scolaires, selon Ivan Ilich -, venu au pouvoir, imposait le tutoiement obligatoire aux élèves envers leurs maîtres, réduits au statut d’assistants sociaux, de confidents et de docile exécutants des directives de la hiérarchie scolaire (je garde le genre masculin, non par choix idéologique – encore moins par nombrilisme -, mais pour ménager mon clavier et mes doigts).
Pour avoir eu l’idée saugrenue de dénoncer un peu trop “da viva voce” cette imposture et ce diktat, j’ai été déclaré inapte au service scolaire et traité de facho-réac à mon tour.
Comme les temps ont peu changé…
Cordialement,
F. T.
Madame Rochat,
Alors, des vrais femmes, ça existe encore ! Comme votre analyse est réconfortante !
Les hommes sont en rut permanent, c’est un fait. Mais, aujourd’hui, en fait depuis mai 68, ls femmes s’offent aux hommes pour ensuite se plaindre de leur agression. Dans toutes les civilisations traditionnelles les femmes couvrent leur corps en public pour le dévoiler dans l’intimité du foyer. Qu’on le reconnaisse ou non, une femme est une femme et un homme est un homme. Avec l’effondrement de la famille, les mères n’apprennent plus à leurs fils le respect dû à la femme, à la mère, à l’utérus de la société.
“Avec l’effondrement de la famille, les mères n’apprennent plus à leurs fils le respect dû à la femme, à la mère, à l’utérus de la société.”
Pouvez-vous m’expliquer comment une mère, fût-elle Phèdre incarnée, doit s’y prendre pour apprendre à son fils à respecter son utermachin? Une mère, une vraie, n’a pas besoin d’enseigner le respect. Si elle ne l’impose pas par sa seule personnalité, son autorité innée, alors rien ne le lui enseignera. Pas plus qu’un manuel de pédagogie ne suffira à former un maître. Après tout, nul besoin d’avoir lu Freud pour faire des enfants.
A Rome, la mère était la reine de la famille et lui manquer de respect donnait au père le pouvoir d’exercer son droit de vie et de mort sur ses enfants. “Tu respecteras ton père et ta mère” dit la Bible, qui ne dit pas que des bêtises. Mais en abdiquant leur sens de l’autorité, les mères nombrilistes – décidément, le mot de Madame Rochat me plaît bien – n’ont récolté que le mépris et l’arrogance de leurs enfants. Pas plus qu’un élève ne respecte un maître qui veut faire “copain” avec lui, par exemple en lui demandant de le tutoyer, pas plus un enfant ne respecte des parents qui les laissent tout faire. Et quand les chérubins découvrent que plus aucun obstacle ne les retient, on sait ce que ça donne: la dictature s’empresse de prendre la place que l’autorité a laissée vacante.
Voyons, n’ai-je pas honte de rappeler de telles évidences?
Mais ce n’est à coup sûr pas par un retour à d’hypothétiques “fondamentaux” que bien des gens n’ont d’ailleurs jamais abandonnés, un révisionnisme à la sauce poutiniste que celle-ci reviendra au-devant de la scène. L’actualité ne nous le montre-t-elle pas chaque jour?
Ou alors la femme, si l’on en croit votre lyrisme tout en règles et périodes, ne serait-elle qu’une form(e )alité(e) à remplir?
Votre message et ses commentaires sont le bon sens même. Ces femelles qui veulent la retraite à 64 ans pour elles et le maintien à 65 pour les hommes commettent une double erreur.
1) Vu le vieillissement de la population, on devrait mettre tout le monde à la retraite à 70 ans, sauf pour les métiers pénibles (notamment la construction, où les femmes ne sont guère majoritaires…)
2) Quand le service militaire sera obligatoire pour tout le monde, elles pourront parler d’égalité.
Mais le niveau de leurs éternelles revendication les condamne d’office. Pathétique !!
Aux nouvelles de ce matin, parmi les “hits” prévus aux festivités du grand raout nombriliste en cours figure l’initiation à la boxe.
Si ça ce n’est pas un remède contre l’amour…
Vous défendez la politique, large et noble, celle qui aspire à ce que l’on puisse vivre en bonne intelligence dans la cité. Sur ce même raisonnement, vous entendez démontrer que des luttes ne se fondant que sur un intérêt autocentré perdent leur légitimité en ce qu’elles oblitèrent toute forme d’altérité, et vont jusqu’à nier leurs droits à toutes ces personnes “autres”, qui pourtant vivent dans cette même cité.
Vous évoquez un monde où, je vous cite, “chaque individu trouve davantage sa place et son épanouissement”, un monde où il est nécessaire que l’on se (je vous cite à nouveau) “…. préoccupe autant, si ce n’est davantage, de l’harmonie générale du monde.” plutôt que de se regarder le nombril.
Et vous avez bien sur raison!
Expliquez-nous dans ce cas pourquoi le parti auquel vous appartenez de manière revendiquée se comporte exactement comme ces groupes autocentrés que vous critiquez avec tant d’éloquence? Un parti dont le nombril est la Suisse et dont la “polis” (merci pour la leçon de grec classique) s’arrête aux frontières du pays. Un pays dont, vous le savez, les réseaux énergétiques, financiers, touristiques, commerciaux et j’en passe, dépendent pourtant de manière vitale de son ouverture envers, et de son engagement dans une “Polis” qui s’étend bien au-delà des frontières du nombril.
Un parti qui prône pour la Suisse une vision “pathétique et réductrice, tellement centrée sur elle-même” (je vous cite à nouveau, décidément) à l’instar de celle que vous dénoncez dans votre article. L’UDC n’a donc rien compris à la politique, la noble, la large, CQFD.
Bien respectueusement
Marc F.
PS: je ne suis pas le troll d’un parti adverse, je ne milite pas, je ne vote jamais en fonction de ce que recommande un parti. J’aime la cohérence, le “vivre-ensemble”, une “société meilleure”, les “richesses et les variétés intellectuelles” (les termes entre guillemets sont de vous, oui) . Je n’aime pas l’incohérence, l’exclusion et la politique à géométrie variable, encore moins lorsque celle-ci prône de fumeuses aspirations à un monde d’épanouissement et d’harmonie, encore des termes qui parsèment votre texte. Votre dernier article ne manquera donc sûrement pas de vous faire réfléchir à votre engagement politique puisque celui-ci se veut large et noble, ce dont je ne doute aucunement.
Ce n’est pas un CQFD mais plutôt un “je n’ai rien démontré du tout” que votre commentaire 😉 Vous ne faites rien de plus que de répéter des fausses vérités relevant davantage du monde des clichés que du monde de l’intellect. Peut-être vous faut-il envisager une fois de lire le programme du parti (il se trouve sur le site de l’UDC Vaud,pour ce qui est de l’UDC vaudoise) pour comprendre quelle est la vision de l’UDC, la vraie, pas celle que ceux qui s’arrêtent aux gros titres et aux media mainstream se font.
Merci de me rappeler que les termes entre guillemets sont de moi. Je pense encore pouvoir me souvenir moi-même de ce que j’ai écrit avant-hier, mais merci quand même 😉
Vous semblez être tellement réduit à vos clichés que, lorsque vous entendez une UDC, active dans le parti depuis bientôt 20 ans et donc bien plus au fait que vous de ce qui s’y dit et s’y prône, vente une vision du monde telle que celle que vous avez pu la lire, plutôt que d’interroger vos clichés, vous vous dites: “Elle n’a rien compris, il faut que je vienne avec mes gros sabots lui expliquer ce qu’est l’UDC”. Excusez-moi d’en rire, mais je pense qu’il s’agit de la réponse la plus bienveillante que je puisse apporter à votre commentaire: le rire, et l’invitation à vous renseigner aux sources.
Bonsoir Madame,
Observateur du petit biotope politique Suisse ( sans trouver qui que ce soit dont je me sente proche du reste, la notion de “parti” ne me fascinant pas ), ce n’est pas le fond de votre propos qui m’interpelle.
Mais le ton ( et la forme ) de votre réponse à Monsieur Marc F.
Quoi qu’il puisse penser qui ne vous satisfasse pas ( et il ne m’appartient pas de défendre son opinion), il me paraît qu’il s’adresse à vous avec une courtoisie que je ne retrouve pas dans votre réplique.
Celle-ci donne l’apparence d’un mépris agacé ( et faussement décontracté ) qui fait douter de votre disposition à débattre. C’est à dire, à rencontrer une opinion qui ne vous convient pas nécessairement.
Je ne défends aucune position politique mais votre manière de vanter ( avec un a, ou il s’agirait d’un curieux lapsus) votre vision de monde interrogera ,à mon sens, celles et ceux qui voudraient un dialogue apaisé, nourri d’opinions opposées mais toutes audibles.
Et pourtant je ne doute que vous soyez rompue à l’exercice du débat , surtout après vingt années d’engagement.
Je vous souhaite respectueusement le bonsoir Madame !
Bonjour Monsieur,
Merci pour votre retour.
Je vous invite à relire les propos de ce M. F. et d’observer le mépris qui s’y trouve; non pas caché, mais bien réel envers l’UDC. S’il y avait un seul argument réel dans son propos, je vous prie de croire que je lui aurais répondu comme j’en ai l’habitude (regardez mes autres interactions, vous le verrez). Il n’y a aucun argument, rien d’autre que des clichés vagues qui ne demandent pas d’autre réponse que l’amusement. Une simple attaque méprisante envers l’UDC (parti qui n’aurait tout simplement rien compris à la politique selon lui), sans aucun argument auquel j’aurais pu répondre.
Par contre, comment pouvez-vous affirmer que mes propos sont faussement décontractés? Ils le sont sincèrement et mon amusement est réel. Vous semblez me faire un procès d’intention dont j’ignore la cause. Je suis bien rompue, comme vous le dites, aux débats, et suis parfaitement capable de répondre à un argument par un argument. Et il n’y a pas de réponse argumentée à apporter à un mépris nourri de clichés non fondés.
Bonsoir Madame,
Merci d’avoir accepté mon commentaire et d’y avoir répondu.
Je viens de relire les propos de Marc F et suis moins sévère que vous. J’y vois une opinion assez résolument opposée à la vôtre. Mais je puis parfaitement me tromper,ne jaugeant pas les clichés comme vous le faites.
J’accepte donc sans mal l’idée de mésestimer l’attaque que vous dîtes subir. Mais il s’agit du fond et je me tiens loin des querelles politiques.
Sur la forme, je persiste à percevoir dans votre propos une fébrilité qui me surprend. Nullement accompagnée d’un “amusement réel”..
Croyez bien par contre que je ne vous fais aucun procès d’intention. Je n’ai aucune raison de le faire et ne me le permettrais pas. Je m’étonne du ton, voilà tout.
Cela ne fait que confirmer combien la joute politique m’est étrangère ,déplaisante, et me paraît trop souvent réduire à des conflits ce qui devrait être un échange constructif. Et je n’aurais probablement pas du me fourvoyer en intervenant.
Vous souhaitant sincèrement le meilleur !
Chère Madame,
Votre commentaire me réjouit et me rassure.
Comme femme, je n’ai JAMAIS douté un instant que nous étions toutes capables d’accéder à toutes les études, à tous les métiers, toutes les compétences et excellences possibles. Je suis d’une génération (62 ans) et d’un pays, la Suisse, qui a grandi dans cette certitude tranquille.
Je sais que cette tranquillité est le fruit des luttes passées de femmes courageuses pour lesquelles l’égalité signifiait l’accès aux études et au travail pour être financièrement autonomes. À celles-là je tire mon chapeau et je dis merci.
Je trouve le combat “féministe” d’aujourd’hui dans nos sociétés occidentales complètement dévoyé. Oui, il s’agit bel et bien d’un nombrilisme de femmes qui, sans se soucier du paradoxe, revendiquent des spécificités de genre au nom d’une égalité homme-femme qu’elles ne cessent de contredire. À mes yeux, le summum de la bêtise – et de l’inutilité – réside dans l’écriture épicène. Avec ce type de revendications ces féministes font un tord immense à notre intelligence. Et, j’abonde dans votre sens, elles combattent “contre” et non “pour” ce qui génère un schisme malfaisant dans notre société.
Enfin, un dernier point : le petit coup de pub vers l’UDC est, je pense, mal à propos. À votre tour vous prenez le risque de réduire votre propos.
J’adhère à votre analyse, quelque soit votre bord politique. Je pense que ce sont la valeur des gens, des idées et des débats qui comptent, en dehors de toute étiquette politique.
Bonjour Madame,
Merci beaucoup pour votre commentaire et votre retour! Je partage vos constats et suis parfaitement d’accord avec votre distinction entre ce qu’était le combat des femmes il y a quelques décennies et ce qu’il est devenu aujourd’hui.
Pour ce qui est de mon allusion à l’UDC, ce n’est pas un petit coup de pub 😉 Je suis la présidente des femmes UDC et ce texte est ma prise de position de présidente des femmes UDC face à cette nouvelle grève. Difficile de faire sans du coup 😉 C’est bien plus une prise de position officielle qu’un coup de pub, comme je le fais chaque année à l’occasion du 14 juin.
Chère Madame,
Je n’y peux rien, j’aime infiniment les femmes. J’aime l’idée qu’elles existent notamment car elles sont la preuve la plus solide de l’existence de Dieu et sont assurément la forme la plus achevée de la création. Elles sont souvent notre principe moteur, parfois notre récompense. Je pense que la plupart de nos efforts à nous les hommes – que nous le sachions ou non – ont un dédicataire : c’est la femme aimée. Je sais que cette idée s’avère très suranné, mais j’aime que l’on ait avec une femme un rapport cultuel. Il faut l’honorer, au sens multiple, comme on fait monter l’encens aux narines frémissantes des dieux. Nos ancêtres occitans nommaient cela la fin’amor.
Quant aux féministes, je ne les déteste pas, je n’ai d’ailleurs pas à les détester et il faudrait que l’on s’entende avant tout sur le terme « féministe ». La figure antique qui me semble la plus juste pour les décrire est probablement Xanthippe. Elle fut la femme de Socrate et a été évoquée à son procès comme l’une des causes de sa volonté de mourir. Jusqu’au XIXe siècle, la figure de Xanthippe était par antonomase la femme acariâtre, qui use la vie plutôt que de la donner. Quand on questionnait Socrate sur la raison de son attachement à son épouse, celui-ci avait pris l’habitude de répondre : « La raison c’est que ceux qui veulent devenir de bons cavaliers ne se procurent pas les chevaux les plus doux et les plus maniables, mais au contraire des bêtes sauvages et fougueuses car ils se disent que, s’ils ont été capables de tenir ceux-là en bride, il leur sera facile de venir à bout de tous les autres. C’est exactement ce que j’ai fait puisque ce qui m’importe le plus, c’est l’art de vivre avec les hommes : c’est cette femme que j’ai prise, certain que, si je pouvais la supporter, je m’entendrais facilement avec tout le monde. » (Xénophon, Le Banquet). Et en ce sens, il n’est pas tout à fait inutile de vivre dans la proximité des féministes. Si nous pouvons les supporter elles, cela devient un vaccin envers les personnalités les plus complexes.
Je vous disais que je place la femme au plus haut. Malheureusement, je trouve que ces temps-ci elle se dégrade. Pas toutes, non, heureusement et votre propos est là pour me conforter dans mon assertion. Mais quelques-unes, tel un mauvais levain, corrompent une partie de la masse avec mille idées peccamineuses. Celles-ci ont perdu notre admiration fébrile, elles nous proposent une sorte de camaraderie de chambrée en oubliant que nous avions déjà le service militaire, les sociétés d’étudiants ou les camps sportifs pour cela. Il ne reste aux hommes qu’à trouver des parades. Est-ce que l’avènement de la pornocratie serait l’une d’elle ?
Quant au courant qu’elles portent en bannière ? C’est une sorte de monstre froid qui se nourrit de la criminalisation de l’homme, du masculin. De nos jours, un homme qui continue de voir une femme dans une femme et à ne pas y être indifférent devient l’objet de toutes les suspicions. A vivre avec ces idées en tête, les hommes et les femmes, dans le réel, risquent de se regarder désormais en chien de faïence tout en s’abreuvant dans le virtuel de pixels sexualisés. Mais ceux-ci oublient que l’écran ne vous prend pas dans ses bras quand ils chutent, « quand le vent se lève et qu’il s’agit de vivre » comme le disait Paul Valéry. Les hommes – bienheureux – dont une robe a passé dans leur vie savent de quoi je parle.
Et puis, il y a les hommes. Les hommes ont peur des femmes. Les brutes compensent cette peur par des brutalités. Les timides, par la stupeur et les frémissements d’aborder une rive inconnue. Les timides peuvent, à mon sens, être absous. Les brutes, quant à eux, ont une responsabilité. Par eux, longtemps les femmes ont été une majorité traitée comme une minorité. Aujourd’hui elles se vengent, elles s’ébrouent. Ce goût de la vengeance leur donne une énergie que nous n’avons plus. A cerveau égal, il n’est pas étonnant qu’elles fassent mieux que nous. Et là encore, entre vous et moi, Madame, votre texte est un argument d’autorité aux propos que je viens de tenir. Alors posons la question : qu’est-ce qu’une femme ? Personne ne sait répondre à cette question, pas même les féministes. Tentons une épure de définition. Pour paraphraser les mots de Christian Bobin, « les femmes ont la vie en garde pendant l’absence de Dieu, elles ont en charge le sentiment limpide de la vie éphémère » (BOBIN, Christian, Le Très-Bas, Paris : Gallimard, 1992, p. 95.). En ce sens, me semble-t-il, la femme est mystérieuse et doit le rester (en tout cas pour l’homme) et c’est tant mieux. La femme « à distance » est sublime. Proche elle se corrompt. Léonard de Vinci, qui savait tout de la perspective, avait compris que les objets représentés les plus proches de l’observateur étaient les plus nets alors que les plus éloignés se fondaient dans un superbe « sfumato » qui nous a valu notamment le sourire si poétique de la Joconde. Vous comprenez que les contours les plus engeôlant d’une peinture sont ceux qui sont implicites, car ce qui manque à l’œil, l’esprit le compense en imaginant. Et ce que je dis de la peinture, nous pouvons le dire de la femme. Quand elle est claire, elle n’est que cela, quand elle est floue elle est tout le reste.
Mesdames, pour que notre triste monde conserve encore un peu de poésie, continuez de nous rester floues.
Quand on lui demandait comment il s’entendait avec sa Beauharnais, Napoléon répondait:
– Sous ce beau harnais se cache une belle rosse.