JO de Pékin 2022 : une décision du Conseil fédéral décevante

Lors de sa séance hebdomadaire de mercredi, le Conseil fédéral a finalement renoncé à envoyer quelqu’un pour représenter notre pays à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques et paralympiques. Celle-ci se tiendra vendredi prochain à Pékin. La raison avancée est l’état de la situation sanitaire en Chine et l’impossibilité de rencontrer d’autres chefs d’Etat et/ou de Gouvernement pendant le séjour. Cette semaine, on apprenait que les Etats-Unis sont à présent le premier marché pour les exportations helvétiques. Faut-il voir une pression américaine sur le Gouvernement suisse concernant ce boycott olympique?

Il est de coutume pour un(e) président(e) de la Confédération en exercice de se rendre à chaque cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, hiver comme été. Ces dix dernières années, tous les présidents suisses ont fait le déplacement. Eveline Widmer-Schlumpf à Londres en 2012. Didier Burkhalter à Sotchi en 2014 et malgré le début du conflit (encore actuel) entre la Russie et l’Ukraine. Johann Schneider-Ammann à Rio en 2016. Alain Berset à PyeongChang en 2018, il avait même pu rencontrer la soeur du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Enfin Guy Parmelin à Tokyo l’été passé et même avec la situation sanitaire qui n’était pas très bonne. Alors quand le porte-parole du Conseil fédéral explique que la Suisse n’enverra aucun Conseiller fédéral, cela me fait sourire et j’ai vraiment de la peine à croire cette explication. Si certains pays ont renoncé à envoyer des officiels (Australie, Royaume-Uni, Etats-Unis et Canada), d’autres pays feront le déplacement (Singapour, Russie, Emirats arabes unis, Egypte, Pologne, Luxembourg et Argentine).

En marge de l’ouverture des JO d’été 2021 de Tokyo, le Président de la Confédération Guy Parmelin a pu s’entretenir avec l’ex-Premier ministre japonais Yoshihide Suga.

Distinguer sport et politique

Les athlètes suisses n’auront donc pas le soutien du Président Cassis ou du Vice-Président Berset. Et je  trouve cela fort regrettable. J’éprouve même une honte vis-à-vis des autorités de mon pays. La Suisse abrite le siège du Comité international olympique et aucun représentant fédéral n’a eu le courage de faire le voyage à Pékin. Cela ne coûte rien de distinguer le sport de la politique. Ignazio Cassis, Alain Berset ou Viola Amherd auraient pu le temps d’une cérémonie mettre les dossiers qui fâchent sous le tapis et aller soutenir les sportives et sportifs suisses. Les militants de gauche peuvent se réjouir, mais ils n’ont pas compris que la Chine est la deuxième puissance mondiale. Et qu’aux yeux de Pékin, ce boycott ne leur fait ni chaud ni froid. Par contre, une présence officielle suisse aurait permis d’affirmer que la Suisse tient à sa neutralité et qu’elle parle à tout le monde. Je crois à la souveraineté des Etats. La Suisse, l’Europe ou les Etats-Unis n’ont pas à dicter au reste du monde comment respecter la démocratie ou les droits de l’Homme. Quand je vois qu’aux Etats-Unis une bande de tarés est capable de prendre d’assaut un parlement, je crois sincèrement que Washington devrait d’abord s’interroger sur l’état de sa propre démocratie avant de donner des leçons aux autres.

Le siège du CIO à Vidy. Photo : Patrick Martin

La Suisse aura donc une fois de plus suivi les ordres de la Maison Blanche. Ils sont devenus notre premier partenaire pour les exportations, on peut se réjouir et je ne remets pas en cause cette excellente relation diplomatique. Mais je regrette qu’on se plie à chacune de leur exigence sans affirmer notre souveraineté et défendre nos intérêts.