Giorgia Meloni, la leader de Fratelli d’Italia, a été officiellement nommée Présidente du Conseil par le Président Sergio Mattarella. Elle devient ainsi la première femme à occuper cette fonction dans la péninsule italienne. Son gouvernement va devoir faire face à d’immenses défis. Les relations entre Berne et Rome, déjà bonnes, ne pourront que s’améliorer.
L’Italie entame un nouveau chapitre de son histoire politique. Giorgia Meloni était hier au Palais du Quirinal (résidence officielle du président italien) pour prêter serment devant le Président Sergio Mattarella. Victorieuse des élections législatives du 25 septembre dernier avec son parti post-fasciste Fratelli d’Italia qui a recueilli 26% des voix, la nouvelle Présidente du Conseil et première femme à ce poste, s’apprête à diriger le pays aux 60 millions d’habitants. C’est devant Sergio Mattarella qu’elle a juré fidélité à la République italienne, aux lois et à la constitution. La passation de pouvoir avec Mario Draghi est prévue ce dimanche matin au Palais Chigi (siège de la présidence du Conseil).
Une coalition très à droite
Ses partenaires de coalition, nommés vice-présidents du Conseil, vont l’accompagner dans ce nouveau gouvernement. Parmi eux, on relève la présence d’Antonio Tajani, leader de Forza Italia et nouveau Ministre des Affaires étrangères aux orientations pro-européennes et atlantistes. Ensuite il y a Matteo Salvini, le leader de La Ligue et populiste d’extrême-droite qui doit se contenter du ministère des Infrastructures et de la Mobilité durable alors qu’il visait plutôt l’Intérieur. L’avenir nous dira si ce dernier est prêt à œuvrer pour le bien du pays et de son gouvernement en mettant de côté son désir de pouvoir absolu ou s’il fera sauter la coalition d’ici quelques mois. Cela provoquerait à nouveau des élections législatives. Sur 24 ministres, on peut regretter la faible présence des femmes. Elles ne sont que six et occupent des postes mineurs, c’est-à-dire à la tête de ministères dits moins importants.
Les nombreux défis du gouvernement Meloni
Son gouvernement, le plus à droite dans l’histoire récente de l’Italie, devra faire face à de nombreux défis qui seront scrutés en Suisse, mais aussi en Europe. Il y a tout d’abord l’inflation. Elle a augmenté d’environ 9% entre 2021 et 2022 à cause de la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie. Cela frappe directement les ménages et les entreprises. Ensuite, il y a l’éternel problème de la dette avec plus de 2’700 milliards d’euros, soit environ 150% de son PIB. Sur le plan des réformes demandées par l’Union européenne, Giorgia Meloni a promis de défendre davantage les intérêts de son pays avant ceux de l’union. De quoi créer des tensions avec la Commission européenne. Enfin il y a la guerre en Ukraine. Mario Draghi a été un défenseur ardu des sanctions européennes contre la Russie à cause de l’invasion militaire déclenchée au mois de février. Là-dessus, Giorgia Meloni a pris position pour l’Ukraine. Mais au sein de sa propre coalition, des voix se font entendre qui remettent en cause le soutien à l’Ukraine et demandent l’abolition des sanctions contre la Russie de Vladimir Poutine.
Les relations avec le petit voisin suisse
Les relations diplomatiques entre la Suisse et l’Italie sont anciennes et excellentes comme le confirme le DFAE sur son site internet. Il y a d’abord le partage d’une langue commune, l’italien. Ensuite, « la plus grande communauté étrangère du pays » compte environ 320’000 ressortissants italiens qui vivent dans notre pays. Sur le plan économique, l’Italie est notre troisième client commercial avec en 2021 15,5 milliards de produits exportés contre 18,8 milliards de produits importés. On attend avec impatience l’orientation de Giorgia Meloni sur les relations entre Berne et Rome. A noter que cette semaine le Président Sergio Mattarella aurait dû se rendre en Suisse pour une visite d’Etat. Il n’est jamais venu. Malgré plusieurs interpellations de ma part au sujet de cette visite, je n’ai eu aucune réponse des autorités suisses et c’est bien dommage. J’espère sincèrement que cette visite n’a pas été annulée, mais juste reportée de quelques semaines. La dernière visite d’un président italien en Suisse remonte à 2014 et la dernière visite d’un président suisse à Rome date de 2020.