Séisme : faut-il aider la Syrie de Bachar el-Assad?

Si la Turquie est la première victime du tremblement de terre de ce début de semaine, la Syrie elle aussi est durement touchée. Le Président syrien Bachar el-Assad tente de profiter de la situation chaotique pour regagner en légitimité sur les scènes régionale et internationale. Comment devraient se positionner l’Europe et la Suisse face à cet homme isolé?

A l’intérieur de la Syrie avec ses 19 millions d’habitants environ, le terrible tremblement de terre survenu à la fois en Turquie et en Syrie en début de semaine n’a épargné personne. Côté syrien, il a ravagé à la fois la région d’Idlib, au nord, tenue par des groupes rebelles hostiles au pouvoir central incarné par Bachar el-Assad, et Alep, ville sous contrôle du gouvernement officiel de la Syrie. Le conflit syrien qui avait disparu de nos écrans ces dernières années vient d’être remis sur le devant de la scène internationale. Non, ce conflit n’est pas terminé. Il est au contraire et malheureusement loin d’être résolu. Il est triste qu’une telle chose doive se produire pour qu’on se rappelle qu’un conflit est toujours en cours dans une région “proche” de l’Europe. La Syrie de 2023 est confrontée à de multiples crises : humanitaire, politique, militaire, sécuritaire et économique. Et le tremblement de terre ne vient qu’accentuer encore plus les problèmes de ce pays.

Sur les ruines d’immeubles à Idlib, des combattants rebelles, des sauveteurs et des habitants recherchent des survivants avec des moyens dérisoires. Image : Alae Fatravi/Anadolu Agency via Getty Images

Idlib la détruite

Dans la ville d’Idlib, le gouvernement local a fait venir des bus pour aider les déplacements des sinistrés. Les habitants de cette région subissent une double peine. Après 12 ans de guerre, ils sont désormais coupés du reste du monde. Jusqu’à maintenant, l’aide humanitaire arrivait par un seul point de passage avec la Turquie. Or, cette route a été fortement endommagée par le séisme, les camions ne peuvent plus circuler dessus. Pour le régime de Bachar el-Assad, c’est une occasion unique de faire un retour sur la scène régionale voire internationale. Le président syrien réclame que toute l’aide humanitaire passe désormais par la capitale Damas avant d’être redistribuée. Une façon tout à fait cynique de se rendre à nouveau incontournable, comme à l’époque avec la menace des djihadistes. Aussi, le maître de Damas essaie de légitimer son pouvoir sur l’ensemble du territoire et de regagner une certaine confiance vis-à-vis des dirigeants occidentaux. Dans les premières heures qui ont suivi le séisme, Bachar el-Assad a affirmé que : “Les sanctions américaines et européennes entravent la réponse humanitaire”.

 

Un retour en grâce?

L’objectif premier du président syrien est de sortir de son isolement économique et diplomatique. Depuis le début de la guerre civile en 2011, Bachar el-Assad n’a plus que deux alliés, la Russie et l’Iran. Du côté de l’Union européenne, celle-ci a encouragé mercredi les 27 Etats membres à répondre de manière favorable à l’aide demandée par la Syrie. Exemple avec l’Allemagne qui y est allée du bout des lèvres. “Oui, nous fournirons de l’aide”, a dit une représentante du ministère des affaires étrangères, mais nous maintiendrons “nos contacts au strict minimum”. “Nous n’allons pas coopérer avec le régime syrien (…) tant que surviennent chaque jour les pires atteintes aux droits humains”. Bachar el-Assad pourrait aussi se tourner vers les pays du Golfe. Depuis quelques années, plusieurs pays de la région ont repris ou cherchent à reprendre contact avec l’ancien paria. Un certain nombre de pays dont les Emirats arabes unis ont appelé Assad pour lui présenter leurs condoléances et lui envoyer de l’aide. Quid de l’Europe ou de la Suisse? Il faudra bien se résoudre tôt ou tard à reprendre contact avec le régime syrien, car la famille el-Assad n’est pour le moment pas prête à quitter le pouvoir.

 

Jonathan Luget

Jonathan Luget est né en 1993, un mois après la visite du premier chef d'Etat européen, François Mitterand, dans la jeune République du Kazakhstan. En marche avec un CFC, deux maturités et deux diplômes SAWI (communication et réseaux sociaux). Les loisirs se partagent entre la lecture d'ouvrages géopolitiques, la rédaction d'articles, la cuisine et la natation.

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