Merci à Mme. De Quattro de saisir la balle au bond et de poursuivre le débat sur le certificat covid. Son texte est à lire ici sur le site Heidi.news, en réponse à ce texte de votre serviteur et en complément de cet appel à un débat franc et honnête entre vaccinés.
Mme. De Quattro livre un plaidoyer en faveur de l’utilisation du certificat covid. Je réagis ici aux points principaux:
- Rien à redire sur la formule de base : l’exercice d’une liberté implique la responsabilité. Quand je fais un choix libre, je dois accepter ses conséquences. Néanmoins, je ne suis pas sûr que cette formule suffise à régler les problèmes qui se posent à nous ici.
- Cette formule éclaire la responsabilité des non-vaccinés : ceux qui refusent de se vacciner sont responsables de leur choix et de ses implications (en admettant qu’ils aient toutes les informations pour faire un choix éclairé => d’où la responsabilité de l’Etat de diffuser les informations les plus solides scientifiquement et de combattre les fakes news). Ils portent ainsi une responsabilité dans la prolongation de la crise et de ses effets néfastes. Ils portent une responsabilité dans la mise en danger de leurs proches (ce qui ne dépend pas seulement du vaccin, mais de leur comportement dans son ensemble).
- Cette formule ne nous éclaire pas sur notre responsabilité de vaccinés représentant la majorité. La majorité souhaite garantir une vaccination volontaire. Jusqu’où pouvons-nous compliquer la vie des gens avant de reconnaitre que nous sommes face à une obligation de facto de se vacciner pour mener une vie normale ? Si l’ensemble de la vie culturelle/sportive, la vie professionnelle, certains événements privés (mariage par ex) ne sont plus possibles sans certificat et que les tests deviennent payants, peut-on encore parler de choix volontaire ? J’ai reproduit plus bas les critères formulés par la commission nationale d’éthique début 2021 pour l’utilisation du certificat covid. Mme. De Quattro est pour l’extension du certificat, dans le but explicit de pousser à la vaccination. Y’a-t-il une limite ici ou serait-il envisageable de rendre toutes les activités sociales dépendantes du certificat, tout en rendant les tests payants ? Cette position serait-elle cohérente avec le principe d’une vaccination non-obligatoire ?
- Cette formule « liberté => responsabilité » doit être utilisée avec beaucoup de prudence dans le cadre de l’exercice des droits fondamentaux. Comme exposé ici, dès que nous utilisons nos libertés, nous déployons des effets sur les autres membres de la société. Mais n’est-ce pas le cœur du projet libéral que de garantir que l’exercice de ces droits ne dépendent pas du bon vouloir de la majorité qui n’aime pas certains comportements ? Comment éviter de s’engager sur une pente glissante qui aboutirait à une limitation massive de l’ensemble de nos libertés sous couvert de limiter l’impact négatif de nos décisions ?
- Mme. De Quattro évoque le risque d’arbitraire dans la mise en oeuvre du certificat. Cela me parait également central. Comment s’assurer que les privés en charge du contrôle du certificat ne soient pas mis face à des responsabilités impossibles à remplir ? Comment s’assurer que le certificat disparaisse le plus rapidement possible, sans s’inscrire dans la durée ? L’idée de devoir démontrer sa non-dangerosité avant d’entrer en relation avec les autres me parait à l’opposé de la société libérale et ce changement de paradigme qui s’installe avec la crise ne devrait pas nous laisser de marbre.
- Comme annoncé, je tenterai de préciser dans un prochain texte ma réponse à l’argument qui oppose comme les seules alternatives le lockdown et le certificat. Cela me semble néanmoins un argument qui ne repose pas sur la maxime “liberté => responsabilité”.
Au plaisir de poursuivre ce débat crucial.
* Critères formulés par la Commission nationale d’éthique en février 2021:
” Dans cette situation et sous certaines conditions, il serait également justifié que des privés exigent un certificat de vaccination pour l’exercice de certaines activités. Or, cela pourrait se justifier uniquement si
– le respect des droits fondamentaux des personnes non vaccinées reste garanti et qu’elles pourront satisfaire leurs besoins fondamentaux (par exemple, l’exercice des droits politiques, l’accès à l’éducation et à des services de santé ou aux transports publiques) ;
– des possibilités suffisantes d’accès à une activité hautement significative restent garanties aux personnes non vaccinées ;
– le danger représenté par l’activité pour les personnes non vaccinées ne peut pas être suffisamment atténué par une mesure moins restrictive que la limitation d’accès, et le risque encouru est suffisamment haut pour justifier la restriction ;
– la protection des données et la fiabilité de la certification restent garanties” (p. 4)