Des paroles aux actes

Depuis aujourd’hui, nous vivons à crédit

Ce lundi 29 juillet 2019 pourrait être une journée d’été comme toutes les autres, insignifiante. À un détail près. C’est aujourd’hui que nous «célébrons» le Earth Overshoot Day, « jour du dépassement de la Terre ». Explications.

Imaginez que, le 1er janvier, votre patron vous verse en une fois la totalité de votre salaire jusqu’au 31 décembre, en vous disant « Gère cet argent comme tu le souhaites, mais tu n’auras pas un sou de plus avant l’année prochaine». Maintenant, imaginez qu’après sept mois, vous ayez déjà tout dépensé. Quelle est votre dernier recours ? L’emprunt…

Le principe de l’Overshoot Day est le même, à la différence que l’on ne parle pas d’argent mais de ressources naturelles. Entre le 1er janvier et aujourd’hui, nous avons consommé autant que ce que la Terre est capable de produire en une année. Notre «budget nature» est épuisé et nous sommes contraints de nous approvisionner dans des «stocks» théoriquement destinés aux générations futures.

Prenons quelques exemples concrets. Nous consommons bien plus de poissons sur un temps donné que ce que les océans sont capables de produire au cours de la même période. Nous abattons beaucoup trop d’arbres par rapport à la capacité de régénération des forêts. Et celles-ci ne sont pas suffisantes pour absorber tout le CO2 que nous produisons. Cela signifie que nous puisons sans cesse dans les réserves de notre planète, appauvrissant toujours davantage ses ressources.

Le Earth Overshoot Day est un indicateur calculé chaque année par l’ONG Global Footprint Network, créatrice du concept d’empreinte écologique. Ces deux indicateurs sont d’ailleurs très proches, puisque l’Overshoot Day correspond au jour où l’empreinte écologique de l’humanité dépasse la «biocapacité» de la planète, à savoir sa capacité à reconstituer ses ressources et à absorber nos déchets (tels que le CO2). Ce jour avance un peu plus chaque année : il se situait encore en décembre au début des années 90, le 1er novembre en 2000, le 19 août en 2014. Parallèlement, le calcul de l’empreinte écologique nous apprend qu’à l’heure actuelle, pour étancher la soif de consommation de la population mondiale sans compromettre notre environnement, la taille de notre planète devrait être supérieure de 60%. Et si l’humanité entière vivait selon le mode de consommation des Suisses, il nous faudrait pas moins de 3,5 planètes pour satisfaire tout le monde.

Mais revenons à la métaphore du patron et des salaires. Qui dit emprunt dit… dette. À partir de demain, pour continuer à boire, manger, se chauffer, se déplacer, produire, nous allons devoir nous endetter. En puisant dans les stocks de ressources, dans notre «capital» naturel, nous surexploitons l’environnement et compromettons sa capacité de régénération. Le concept de «dette écologique» mériterait à lui seul plusieurs articles, mais pour l’heure, retenons simplement que cette dette sera transmise aux générations futures… et qu’elle sera probablement très difficile à rembourser.

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