2022, entre pleurs et joies

Une fois de plus, la Terre a contourné le soleil. Et la majorité d’entre nous en avons profité pour fêter cette fin d’année avec nos proches. Mais à l’heure de se mettre dans le bain d’un 2023 qui ne manquera pas de piquant, que retenir de 2022 ? Je vous propose de revenir sur six événements qui ont marqué l’année…

 

Question d’identité

Les États-Unis enterrent l’arrêt Roe v. Wade, 1973, qui garantissait le droit à l’avortement

Le 24 juin, la Cour suprême a pris la décision historique d’annuler un jugement datant de 1973, qui garantissait le droit à l’avortement. Ce verdict incompréhensible nous rend attentifs à la nécessité de ne jamais sous-estimer les courants extrémistes. Il n’est pas sans rappeler la différence choquante des vêtements féminins dans l’Afghanistan des années 70 et celui d’aujourd’hui. Même si ces situations, bien loin d’ici, nous laissent dans un sentiment d’impuissance, il est important de prendre conscience de ces downgrades dans l’évolution de nos sociétés à l’échelle globale. Et espérer que de meilleurs jours soient devant nous.

Ces retours en arrière touchent tous les publics. Par exemple, saviez-vous qu’en 2022, aux États-Unis, 238 motions ont été déposées pour limiter les droits des citoyens LGBT – dont la moitié prend pour cible les personnes transgenres ?

Ces situations sont la partie visible de l’iceberg lorsqu’il s’agit de défendre le droit des femmes ou des minorités sexuelles. Heureusement, tout n’est pas tout noir :

  • Plus tôt dans l’année, la Colombie légalisait l’avortement.
  • En 2022, onze femmes ont été élues à la tête1 de leur pays.

 

Disney s’illustre par des personnages LGBT remarqués

En mars 2022, Disney est au cœur de la polémique. Alors que l’entreprise est critiquée par ses employés pour son manque de soutien clair envers la communauté LGBT face aux attaques politiques en Floride, la décision de censurer un bisou gay dans Lightyear ne passe pas. Disney fait marche arrière et diffuse la scène.

Huit mois plus tard, Disney+ lance son nouveau film Strange World, où on découvre avec plaisir les sentiments qu’éprouve Ethan, l’ado de la famille, pour le séduisant Diazo. Cette représentativité est nécessaire et elle montre le chemin parcouru depuis Stonewall en 1969.

C’est aussi une marque de courage de la part de Disney, entreprise familiale dans un pays conservateur. Cela étant, je me demande quel est l’impact de l’histoire d’Ethan et Diazo sur le flop du film, que j’ai pourtant trouvé très bien.

L’inclusion des personnes LGBT au sein de la société passe évidemment par la reconnaissance de nos droits. Rappelons qu’en 2022, le mariage homosexuel est enfin arrivé en Suisse et en Slovénie. Rappelons surtout que l’homosexualité reste illégale dans 70 pays et qu’elle est soumise à la peine de mort dans neuf pays.

 

Question d’humanité

Le tsar envahit l’Ukraine

Le 24 février, le monde s’est arrêté pour observer la folie d’un homme. Aux portes de l’Europe, la guerre a envahi nos vies et nous assistons, impuissants, à ces scènes d’horreur qui composent notre quotidien depuis presque un an.

Je me souviens encore comment, quelques jours, quelques semaines avant ce 24 février, nous nous refusions à y croire. « Mais non, il est fou, mais quand même pas à ce point. »

Depuis, l’espoir a laissé place, tristement, à l’habitude, à la résignation. Espérons que 2023 soit l’année où ce conflit trouve son issue et où le peuple ukrainien renaît de ses cendres. Rien ne paraît avoir plus d’importance cette année que cela.

 

La police de la moralité iranienne est abolie

Les scènes de révolte en Iran ont fait le tour du monde. La mort de Mahsa Amini, une jeune Iranienne de 22 ans tuée par les forces de sécurité iraniennes pour un voile mal porté, puis celle de Hadis Najafi, une manifestante de 20 ans, mettent le feu aux poudres. La vague de colère se propage sur les réseaux sociaux et dans les rues. Le courage de ces manifestantes inspire le respect.

Les manifestations qu’elles ont menées ont conduit à l’abolition de la police des mœurs, instaurée en 2006. La réalité de cette décision est contestée, d’une part parce qu’il faudra voir sur le terrain si elle se matérialise concrètement, d’autre part parce qu’il semble que ce soit une façon d’enterrer le problème, sans impact concret sur le quotidien des femmes iraniennes.

Pour autant, ces luttes ont marqué 2022 et ouvrent l’espoir d’une société qui aurait tort de ne pas craindre le pouvoir de ces femmes qui ont osé sortir de l’ombre.

 

Question de climat

Les conditions climatiques sont au pire. Et tout le monde s’en fout !

En août 2022, il a fait 53°C en Iran. En Suisse, l’année s’est terminée par un réveillon anormalement doux, où le thermomètre a dépassé les 20°C à Delémont !

Pendant ce temps, une vague de grand froid permet aux climatosceptiques américains de sortir leur sempiternelle « Où est le réchauffement climatique ? »

Quelques semaines plus tôt, des millions de personnes ont suivi la coupe du monde de football, comme si elle n’avait pas lieu au Qatar, la capitale du CO2. Comme si elle ne se réalisait pas sur le dos de milliers de migrants, morts sur les chantiers pharaoniques de cette compétition de la honte. La planète peut attendre… il y a foot ! Et on ne rigole pas avec le roi football, ni avec le dieu dollar !

En Suisse, l’année s’est également conclue par un grand moment de honte, lorsque cinq Conseillers fédéraux ont laissé le DETEC à Albert Rösti, plaçant le peuple dans une incompréhension totale. Comment ces cinq irresponsables ont-ils laissé l’Environnement (qui doit établir et mettre en oeuvre les politiques climatiques) à un lobbyiste du pétrole, respectivement les Transports (qui doivent développer une stratégie de réduction des émissions de CO2 au profit des mobilités durables) à un pro-bagnole primaire ?

En bref, ces faits (et tous les autres qui ne sont pas listés ici) sèment une fois de plus le doute sur la capacité à sortir de la crise climatique.

 

L’énergie solaire a le vent en poupe

Heureusement, il n’y a pas que les inactions politiques qui ont marqué le climat en 2022. Et l’énergie solaire semble être la grande gagnante de l’année.

Qu’il s’agisse du programme initié par les Vert’libéraux genevois pour équiper de panneaux solaires 100% des toits éligibles d’ici 2035, de l’obligation valaisanne d’équiper les bâtiments neufs de plus de 300 m2 de panneaux solaires, ou de la loi fédérale urgente en faveur du développement de grandes installations photovoltaïques, on n’aura jamais autant parlé de l’énergie solaire en Suisse.

Après les paroles, viennent les actes. Nous avons tant de choses à faire pour concrétiser ces engagements, à commencer par la votation sur l’initiative vert’libérale.

 

Bonne année à tous et toutes! Que 2023 vous apporte santé et succès !

 

1 A la présidence, au rang de premier ministre, ou au sein d’un collège comme le Conseil fédéral. Honduras, Hongrie, France, Inde, Royaume-Uni, San Marino, Italie, Bosnie Herzégovine, Pérou, Slovénie, Suisse.