Une chronique politique sans parti pris

S’endetter pour investir?

Selon Info-RTS, : « Les perspectives financières sont sombres pour la Confédération, qui clôt 2022 dans le rouge avec un déficit structurel d’1,6 milliard de francs. Le déficit de financement du compte de l’année 2022 s’élève à 4,3 milliards de francs, soit un écart de 1,9 milliard par rapport au budget. Le frein à l’endettement permettant un déficit conjoncturel de 300 millions de francs pour 2022, la Confédération se retrouve donc avec un déficit structurel de 1,6 milliard. »

Les budgets de certains départements seront réduits en conséquence. L’orthodoxie reste de mise. C’est un choix qu’il faut considérer.

Trop souvent on parle des « finances de l’Etat », fédéral ou cantonal, alors qu’elles ne sont, selon l’usage anglo-saxon, que « l’argent du contribuable » et qu’en moyenne on ne peut en dépenser plus que ce qui a été collecté. A écouter la gauche plaider pour des débours sans limites, on a parfois le sentiment que, dans certains esprits, la Confédération n’aurait qu’à imprimer des billets pour disposer de tout l’argent du monde. Plus sérieusement, la même aile politique prône l’endettement comme si les dettes n’étaient pas une charge léguée par une génération à la suivante. La dépense sans provision est un réflexe bien ancré dans des partis élus par une majorité de citoyens, qui ne paient pas d’impôts du tout. La fiscalité, jadis conçue pour financer les dépenses publiques, s’est muée petit à petit en un outil de redistribution des revenus entre classes sociales.  C’est un système aberrant où l’on compense a posteriori l’inégalité des revenus par la progressivité de impôts.

La dette de la Confédération s’est accrue en raison d’un accident, de la lutte contre la pandémie de COVID-19. En Suisse, la dette est passée de 149 milliards à 246 milliards entre 1995 et 2020. Par rapport au PIB, de 41% à 31% au cours de la même période. Malgré le déficit de 2022, le niveau d’endettement de la Suisse reste faible en comparaison internationale. Exprimée en parité de pouvoir d’achat, la dette par habitant en Suisse s’élève à 26 367$, bien moins que celle de la France 60 790$ ou de la plupart des pays européens. La Suisse a réussi à moins s’endetter sans pour autant négliger les investissements nécessaires.

La rigueur du Conseil fédéral s’impose-t-elle maintenant ? Ou bien les défis actuels exigeraient-ils de s’endetter pour investir ? Et dans quoi ?

Tout d’abord dans la transition climatique. Celle-ci menace de plus en plus ouvertement par une météo en désordre. Il faut donc investir en isolation des bâtiments, en panneaux solaires, en éoliennes, en véhicules électriques ou à hydrogène avec toute l’infrastructure que cela suppose. Cette menace planétaire a la priorité absolue, d’autant plus que bien trop peu a été fait. La production de CO2 n’a cessé d’augmenter, encore d’un pourcent en 2022..

Mais les caprices de l’histoire ajoutent du malheur au malheur. La guerre se poursuit depuis un an sur notre continent et rien n’indique qu’elle pourrait s’arrêter, tout tend plutôt à son extension. Le risque d’une guerre mondiale qui adviendrait presque par inadvertance, n’est pas négligeable. Que fait la Suisse pour s’y préparer comme l’ont entrepris les pays scandinaves et baltes en première ligne ? Est-ce le moment de limiter le budget militaire ? Ou bien de le mettre en mesure d’organiser une défense fondée sur les enseignements de la guerre d’Ukraine, à base d’artillerie de précision, de drones et de missiles ? De renforcer la protection civile. De constituer des stocks aussi bien de matériel militaire que d’approvisionnement en aliments, en médicaments et en énergie.

Ce sont les deux défis les plus urgents. Il y en a probablement d’autres en réserve dans l’avenir que nous ne pouvons même pas imaginer. La parcimonie est-elle la meilleure réponse ?

 

 

 

Quitter la version mobile