Une chronique politique sans parti pris

Pénurie de médecins suisses pendant dix ans encore

 

Il suffit de se brancher sur les actualités pour enregistrer deux nouvelles dont la juxtaposition suscite d’étranges réflexions. Pourquoi la Suisse décide-t-elle de former trop peu de médecins (ou s’abstient de corriger la situation) ? Cinq réponses :

1/Personne ne sait ou personne ne veut savoir.

2/ La Confédération ne serait pas habilitée

3/ Les cantons universitaires n’auraient pas les ressources

4/ En formant moins de médecins, on croit qu’on contiendra les primes d’assurance maladie

5/ Le personnel médical poursuit une vocation, ce qui permet de l’exploiter sans risques.

Rappelons encore que plus du tiers des médecins pratiquants en Suisse ont été formés à l’étranger et qu’il faut dix ans pour qu’un étudiant devienne opérationnel. La situation actuelle perdurera donc jusqu’en 2033.

 

Pénurie de médecins

Des médecins urgentistes tirent la sonnette d’alarme dans la presse dominicale. “Nous sommes au bord de l’effondrement”, déclare le coprésident de la Société suisse de médecine d’urgence Vincent Ribordy. “L’ampleur actuelle de la charge de travail est sans précédent”.

14’779 emplois sont actuellement à repourvoir dans le secteur des soins. 3904 médecins sont également recherchés.

Le problème, qui est d’ampleur nationale, est “lié au fait que nous n’avons pas assez de personnel”, abonde dans le même sens le médecin-chef au service des urgences du Centre hospitalier du Valais romand, Vincent Frochaux. Illustration du manque de personnel, le site de Martigny du Centre hospitalier du Valais romand a dû d’ailleurs fermer ses urgences la nuit.  Vincent Frochaux parle d’un “cercle vicieux”. “Des gens expérimentés partent parce qu’ils sont fatigués. Ils sont remplacés par des personnes plus jeunes, qui ont moins d’expérience et qui prennent donc plus de temps pour accomplir les mêmes tâches. Du coup, la charge de travail se reporte sur le personnel plus aguerri, qui se fatigue

Outre un risque d’erreur plus élevé, la situation actuelle conduit à un traitement parfois indigne des patients, note Vincent Ribordy, avec de longs temps d’attente et une augmentation de la mortalité et de la morbidité. “Dans certains cas, l’anesthésie ne peut être réalisée qu’à l’aide de gaz hilarant ou d’opioïdes, car le personnel formé pour l’anesthésie fait défaut”.

Selon le coprésident de la Société suisse de médecine d’urgence, les collaborateurs souffrent de démotivation, de dommages moraux ou psychiques ou de burnout et tournent le dos à la profession pour cette raison.

« Chez nous aux urgences, un chef de clinique travaille par exemple 50 heures par semaine, dont quasiment 65% sont effectuées dans des horaires compris entre 19h00 et 07h00, ainsi que les jours fériés et le week-end”.

()RTS)

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Limitation du nombre d’étudiants

Au vu du nombre d’inscriptions parvenues dans les délais à la Conférence des recteurs des universités suisses (CRUS), la CUS recommande à nouveau de limiter pour l’année académique 2013/14 l’accès aux études de médecine humaine, dentaire et vétérinaire dans les Universités de Bâle, Berne, Fribourg et Zürich. Un test d’aptitudes réalisé en français, en allemand et en italien aura lieu, par conséquent, le 5 juillet 2013 pour les personnes inscrites dans ces disciplines.
3’270 personnes se sont inscrites aux études de médecine humaine pour la rentrée 2013 dans les quatre universités pratiquant le numerus clausus. Le nombre d’inscriptions est de 396 pour les études de médecine dentaire et de 478 pour les études de médecine vétérinaire. Malgré le retrait prévisible avant le test d’environ 20% des candidats, on doit s’attendre à un dépassement des capacités d’accueil en première année qui ne pourra pas être résolu par des transferts opérés avant le début des études.

A l’Université de Genève, les capacités d’accueil en médecine humaine sont dépassées de 32% (soit 530 inscriptions pour 400 places). Entre 2010 et 2012, les candidats aux études de médecine ont passé le même test d’aptitudes que leurs collègues alémaniques, à la différence près que les résultats n’avaient qu’une valeur indicative et non pas sélective. En décembre 2012, le Département de l’instruction publique du Canton de Genève et l’Université de Genève ont décidé de renoncer à ce test dès la rentrée académique 2013.
Les capacités d’accueil en médecine humaine sont également dépassées dans les Universités de Lausanne (+80%, 539 inscriptions pour 300 places) et Neuchâtel (+82%, 100 inscriptions pour 55 places).

(Etudiants.ch)

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