Une chronique politique sans parti pris

Les solutions dérisoires d’un problème aggravé.

Le blog sur l’assurance maladie a attiré une foule de commentaires dont beaucoup proposaient des ébauches de solution. Par exemple :

« Je ne connais pas les chiffres, mais le fait est évident : il y a quelque part une limite d’âge au-delà de laquelle l’ensemble des dépenses en santé se monte à 80 % des dépenses totales. Peut-être 75 ans ? c’est un ordre de grandeur plausible, mais qui peut être assez facilement établi. Les dépenses de santé consacrées aux gens de plus de 75 ans coûtent dans cette hypothèse 80 % des actuels 80 milliards de coût de la sante, soit 64 milliards. Et les 16 milliards de différence seraient suffisants pour assurer jusqu’à l’âge de 75 ans les soins les plus étendus, comme ils le sont aujourd’hui. »

« Mourir n’est pas un risque, c’est une certitude. Dépenser sans compter pour éviter la mort pendant les dernières années de la vie, c’est pour le moins paradoxal. Et rendre ce système obligatoire l’est encore bien davantage. »

« Je suggère que les gens puissent choisir l’assurance qu’ils veulent, l’une ou l’autre étant obligatoire. Cotiser de 300 francs par mois (comme actuellement) pour être assuré de recevoir jusqu’à la mort les soins les plus étendus, les plus coûteux, ou cotiser 60 francs par mois pour être assuré de recevoir les soins les plus étendus, les plus coûteux, jusqu’à un âge fixé, environ 75 ans, puis de soins palliatifs jusqu’à la mort.
Le système serait applicable pour plusieurs âges d’entrée et plusieurs âges d’échéance. »

« On peut tout à fait imaginer une Assurance maladie qui se rembourse les 6 derniers mois de soins ( les plus chers ) sur le patrimoine du défunt , lorsque le dit-patrimoine excède 200 000€ , dans une limite de 30 000€ ( les seuils indiqués sont à titre d’exemples ) . La société a aidé le défunt dans ses soins et traitements tout au long de sa vie (surtout sur la fin) , il est logique que le patrimoine du défunt ( lorsqu’il est conséquent ) en rembourse une partie à la société . Et bien sûr, pour ceux qui meurent en qq minutes ( malaise , AVC … ) , pas grand-chose à payer . »

« Il est aussi regrettable que Mr Neirynck oublie de signaler que ( et ils sont de plus en plus nombreux ) ceux qui vivent sans une hygiène de vie correcte ( alimentation , activité physique ,alcool, ….) ont un coût énorme pour la société ….et là , on fait quoi ? »

Ces contributions, parfois provocantes tournent cependant autour d’une idée très juste : l’assurance maladie n’a d’assurance que le nom, c’est en fait un impôt, tout d’abord parce qu’il est obligatoire. Et c’est le pire des impôts parce qu’il est de capitation, c’est-à-dire imposé pour chaque personne indépendamment de son état de revenu ou de fortune. Un bon système d’impôt s’appuie sur la solidarité entre tous les citoyens et effectue une forme de redistribution des revenus.

Comparons maintenant  avec une assurance incendie. Le risque de voir sa maison partir en flammes est à la fois très peu probable mais catastrophique s’il se matérialise. Chaque propriétaire doit payer une cotisation minime pour être pleinement couvert en cas de sinistre. Comme l’incendie est tout sauf une certitude., la couverture de son risque n’est pas chère. C’est le principe même de l’assurance : diluer des coûts importants en cotisations supportables.

La prétendue assurance maladie fonctionne en sens contraire. Il est certain de tomber malade durant sa vie, le plus souvent de façon modérée en termes de coûts que l’on pourrait parfaitement assumer. Tout le monde peut se payer un tube de Dafalgan en cas de grippe. Cependant certains patients subiront des interventions très coûteuses qu’ils ne pourraient supporter et qu’il faut assurer vraiment pour tout le monde. Et enfin, la seule certitude est la mort précédée souvent d’une période d’intenses soins et très coûteux soins médicaux. En résumé le sinistre final est certain et, entretemps, le coût de l’assurance est élevé parce qu’elle couvre aussi des frais supportables. En d’autres mots encore, le système n’a rien d’une assurance et tout d’un libre-service. C’est un avatar de l’Etat providence qui confisque d’une part la plus grande partie des revenus et d’autre part fournit « gratuitement » formation, soins de santé, logement, transports, divertissements, etc…

Dans le système actuel, pour assurer les soins de ceux qui n’en peuvent payer aucun, on les rend « gratuits » pour tous. C’est l’application d’une idéologie gauchiste, pas d’une analyse rationnelle du problème. Dès lors, certains vont naturellement en abuser. Et donc l’idée d’assurances diversifiées en fonction des ressources de chacun fait sens. A partir d’un certain revenu, on pourrait autoriser une forme d’assurance qui ne couvre que les dépenses les plus lourdes et laisser le tube de Dafalgan hors du système tout comme la consultation ordinaire chez le généraliste. En revanche pour les plus démunis, qui ne peuvent payer leur assurance de toute façon, le plus simple est de leur garantir des soins gratuits, c’est-à-dire financés par l’argent public, les contributions de ceux qui en paient. C’est si l’on veut une assurance à deux vitesses por une société inégalitaire de fait.

En revanche la suggestion de cesser de couvrir les frais à partir d’un certain âge est la certitude d’organiser un système médical à deux vitesses puisque ceux qui en ont les moyens pourront se faire soigner et les autres non, sinon des soins palliatifs à proximité de l’agonie. C’est le degré zéro de la solidarité citoyenne.

En comparaison avec ces suggestions à discuter, émanant de contributeurs à ce blog, on peut résumer les propositions du Conseil fédéral pour en mesurer tout le caractère dérisoire :

« Des réseaux de soins réunissent des professionnels de la santé de plusieurs disciplines. Ils permettent d’assurer la qualité et le suivi des soins et de réduire les prestations inutiles.

Créer des modèles de prix pour les médicaments. Le Conseil fédéral souhaite ancrer dans la loi des “modèles de prix” avec les entreprises pharmaceutiques.

Le gouvernement propose également d’obliger tous les fournisseurs de prestations, stationnaires et ambulatoires, à transmettre leurs factures sous forme électronique. Toutefois, les assurés devront obtenir gratuitement les factures sur papier.

Amélioration de l’examen de l’efficacité, de l’adéquation et de l’économicité des médicaments, des analyses ainsi que des moyens et des appareils. Des tarifs de référence équitables seront aussi introduits pour garantir la concurrence entre les hôpitaux.

La réglementation des prestations des pharmacies sera adaptée. Celles-ci devraient pouvoir fournir des prestations indépendantes dans le cadre de programmes de prévention et des conseils pharmaceutiques pour optimiser la remise de médicaments.

Trois autres mesures de ce paquet entreront en vigueur en 2023. Il s’agit de la promotion des forfaits ambulatoires, de la transmission des données dans le domaine des tarifs et de l’introduction de projets pilotes. »

Cette multitude de mesurettes ne remplacent par une réforme portant sur le fond, comme évoqué plus haut. Elles ont pour but de créer l’impression d’une démarche politique active. Elles n’enraieront pas la hausse des coûts. C’est plutôt de la com.

 

Quitter la version mobile