Une chronique politique sans parti pris

Le changement climatique, ici et maintenant.

 

L’été a été riche en événements prévus par ceux qui savent et imprévus par ceux qui cultivent l’ignorance. Incendies en Grèce, Turquie, Russie. Déluges en Allemagne, Belgique, Chi ne et Inde. Des morts, des villages brûlés, des récoltes perdues, des températures jamais atteintes. Tout cela avait été prédit et ignoré par les pouvoirs. Le sixième rapport du GIEC est venu apporter la confirmation : on ne peut plus douter que le climat est ébranlé par l’activité humaine et le réchauffement s’accélère ici et maintenant. L’augmentation de 1,5° est désormais inévitable même si on ne projetait pas davantage de CO2 dans l’atmosphère à partir de maintenant. Car depuis la première prise de conscience vers 1990 la production de gaz de serre n’a pas ralenti. Il y a toujours 82% d’énergie primaire qui repose sur les combustibles fossiles mais la croissance de la demande a été constante. Les pires contributeurs sont la Chine et l’Inde dont les besoins ont été multipliés entre trois et quatre fois.

On peut difficilement le leur reprocher puisque ces deux pays avaient grand besoin de se développer et que rien ne les empêchait de prendre exemple sur l’Occident gaspilleur. C’est donc aussi ici et maintenant, dans la Suisse heureuse, qu’il fait basculer dans un autre système. Ce ne sont pas les moyens qui manquent pour capter l’énergie renouvelable, c’est la volonté politique. Il semble que l’opinion publique avance sur cette voie plus vite que le pouvoir.

A son actif on ne peut mettre que des mesure homéopathiques et l’échec de la loi CO2. Celle-ci était à base de taxes, c’est-à-dire que l’on comptait sur le marché pour réguler ce que l’on n’avait pas la force de gouverner. En renchérissant l’essence, le mazout et les voyages en avions, on rétablirait une barrière sociale, qui permettrait au riches de continuer à polluer et aux gens modestes de se priver, en d’autres mots une prime paradoxale aux pollueurs. Toujours dans le même esprit délirant, la Suisse achète aux pays pauvres des droits à polluer. C’est tellement immoral que cela en devient absurde.

Ce qui est en jeu c’est la survie de l’humanité dans sa composition actuelle de huit milliards d’individus. La première prise de conscience doit donc être la décroissance démographique. La seconde, la réduction de la dépense énergétique des pays riches. La troisième l’impératif du développement des énergies renouvelables. Comment imaginer une telle révolution des esprits ?

Il faut commencer par éliminer le poison de la désinformation. Lors des blogs antérieurs sur ce sujet, on a tout entendu et son contraire : il n’y a pas de réchauffement climatique ; s’il y en a un, il ne dépend pas de l’activité humaine ; s’il dépend de celle-ci, il est impossible de changer d’activité économique dans les proportions nécessaires. Ces trois thèses ont été développées universellement par les partis populistes selon leur logique fondée sur le déni de la réalité pour complaire à la fraction ignorante de l’opinion publique et se faire porter au pouvoir par celle-ci.

Changer de mentalité politique n’est pas impossible face à une catastrophe. Ce fut par exemple le cas de l’Allemagne d’Adenauer passant en peu d’années du soutien du nazisme à une démocratie modèle. CE fut celui de l’Afrique du Sud passant de l’apartheid à la réconciliation de ses différentes tributs. Le rapport du GIEC ne suffira pas à mobiliser les pouvoirs politiques. Dans un mois on n’en parlera plus. Les années prochaines apporteront leur lot de désastres écologique jusqu’à ce que finisse par céder le barrage de l’indifférence, de l’égoïsme, de l’insensibilité.

Comment faire pour ne pas se laisser aller à ce scénario catastrophiste ? Comment trouver les ressources spirituelles pour opérer une révolution économique ? Le Pape François a publié l’excellente encyclique Laudato si, que l’on ne peut qu’approuver. Mais concrètement n’a pas été levée la contradiction que représente une encyclique précédente Humanae vitae, qui considérait que les procédés contraceptifs étaient des « péchés ». Il en va ainsi pour tous les pouvoirs : ils n’ont pas l’humilité de reconnaître qu’ils se sont dans le passé récent largement trompés. C’est là que se trouve la racine de la tétanisation actuelle.

 

 

Quitter la version mobile