Une chronique politique sans parti pris

Le vaccin obligatoire ?

 

Comme l’épidémie se prolonge et se rallonge à coup de variants, la tentation de rendre obligatoire la vaccination croit. Déjà trois Etats y ont succombé pour l’ensemble de la population, Tadjikistan, Turkmenistan et Vatican. Ce ne sont pas des exemples de démocratie et ceci explique cela. D’autres le décident pour certaines catégories professionnelles, Etats-Unis (y compris des entreprises), France.

La question se pose donc aussi pour la Suisse, mais elle reçoit une réponse immédiate : ce sera non. Il n’est même pas utile que Berne le propose, car le peuple le refusera. Même si le pouvoir dispose de tous les éléments pour juger que c’est la meilleure politique ou même la seule possible, il ne peut prendre cette décision. Le souverain n’en veut pas. Bolsonaro n’en veut pas non plus. C’est au même niveau.

Car l’expérience nous apprend de plus en plus que la seule façon d’arrêter l’épidémie est la vaccination, pourvu qu’elle concerne vraiment tout le monde. C’est-à-dire toute la planète. Si le virus peut continuer à se propager dans des pays, qui ne peuvent pas se payer les vaccins et n’ont pas les moyens de les administrer, les variants continueront à se développer et à annuler l’immunité acquise des pays riches vaccinés. On ne peut écarter l’hypothèse d’un variant futur qui serait beaucoup plus mortel.

C’est comme pour le climat : nous nous sauverons tous ensemble ou nous périrons. L’espèce humaine est indivisible. Elle doit apprendre à se diriger de la sorte. Même si c’est désagréable pour les nationalistes. On ne commande à la Nature qu’en lui obéissant. Il ne suffira donc pas de fournir gratuitement, à nos frais, le vaccin à ceux qui ne peuvent le payer. Il faudra contraindre Bolsonaro à l’utiliser et le contrôler sur place. Il faudra envoyer des équipes médicales dans les pays qui en sont démunis.

Les discours rituels sur la liberté pour chacun de disposer de son corps n’y changeront rien. La formule usagée selon laquelle la liberté de chacun s’arrête où commence celle de l’autre est creuse. Car qui délimitera ma liberté que je surestime et celle de l’autre que j’ai tendance à sous-estimer ? La griserie de skier sur une neige vierge, hors-piste, constitue ma liberté inaliénable plus précieuse que la liberté de vivre des skieurs respectant les consignes qui seront emportés par l’avalanche que j’aurai déclenché. Il faut donc que le pouvoir intervienne. C’est la raison d’être même de toute loi.

Le pouvoir, pusillanime au point de ne pas affronter les manifestations qui se multiplient, use de moyens détournés dont le principal est le pass sanitaire, attribué aux personnes immunisées. Mais aussitôt surgit un second discours sur l’égalité. Si les porteurs de pass peuvent accéder aux cinémas, théâtres et stades, la liberté des non immunisés est entravées. L’égalité requiert que tous soient privés de cinéma, de théâtre, de stade et que ceux qui vivent de ces activités soient privés de la liberté d’exercer leur métier. Et ainsi de suite.

La solution la plus simple, la plus franche, la plus efficace est donc la vaccination pour tous. En 1977 son recours systématique a permis d’éradiquer la variole. En août 2020, l’OMS annonce l’éradication de la poliomyélite par virus sauvage en Afrique, le Nigeria n’ayant plus connu de cas depuis quatre ans. Tandis que seulement deux pays connaissent encore des cas de contamination par le virus sauvage : l’Afghanistan (29 cas) et le Pakistan (58 cas). Ces expériences montrent la voie à suivre. Pour l’instant ce n’est pas possible. On va donc continuer à chipoter, ergoter, procrastiner. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

 

 

 

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