Un des joyaux de notre droit est la présomption d’innocence. Il appartient à la police ou au ministère public de prouver une éventuelle culpabilité et non à l’accusé de démontrer son innocence.
Ce principe est endommagé régulièrement par les médias. Ceux-ci peuvent et doivent rapporter les plaintes émises contre une personnalité. Mais en entrant dans le détail de l’accusation elles en établissent sinon la réalité du moins la plausibilité. C’est un « peu vrai » parce que c’est imprimé ou parce que c’est énoncé à la télévision ou à la radio. La France est coutumière du fait : combien de ministres ont dû démissionner simplement pour se défendre d’accusations dont la justice finit par établir l’inanité. Mais il est trop tard : une carrière politique est pour le moins affaiblie, le soupçon demeure, le souvenir de l’accusation subsiste dans l’opinion publique qui ne se souvent plus de la décision de justice.
Tel est maintenant le destin de Tariq Ramadan. Pour avoir écrit un livre avec lui « Peut-on vivre avec l’islam ?», je sais comment la presse procède parfois. Ainsi Caroline Fourest, journaliste française, dans son ouvrage « Frère Tariq » travestit les propos de Tariq en lui attribuant l’apologie de la lapidation pour la femme adultère alors que notre livre affirme le contraire. De même en Suisse romande des prêtres ont été accusés publiquement de pédophilie et se sont de désespoir suicidés.
Il faut donc prendre la présomption d’innocence très au sérieux. Le symétrique du harcèlement sexuel, de la pédophilie ou du viol est la dénonciation calomnieuse de ces fautes lorsqu’elles sont imaginaires, inventées pour les besoins de la cause, c’est-à-dire la destruction de la réputation d’un homme public qui gêne certains. Bien évidemment, en prônant un islam pacifique, réfléchi, positif, Tariq Ramadan embarrasse tous ceux qui essaient, au contraire, de l’identifier au terrorisme, à la violence, au machisme.
L’accusation portée contre lui pourrait donc se résumer à une campagne d’intoxication, visant l’islam à travers sa personne. Les reproches énoncés sous forme d’une agression sauvage paraissent peu plausible à ceux qui le connaissent personnellement. Bien sûr rien n’est impossible et chacun possède une part d’ombre. Mais, jusqu’à preuve du contraire, Tariq Ramadan est innocent et chacun doit lui conserver une estime intacte.