Ayant suivi le 7 mai au Forum des 100 la conférence de l’ancien président du Conseil italien et européiste Enrico Letta et après avoir lu son interview avec Chantal Tauxe, le doute n’est plus permis.
Pour sauver le projet d’une Europe comme puissance qui compte, pour défendre ses valeurs et assurer sa place dans le monde de demain, il est devenu indispensable de créer d’urgence le poste d’un “Monsieur Europe" qui incarne la vision, les promesses et opportunités offertes par un continent unifié.
Pour une Europe qui marche ensemble vers le but final d’une "United States of Europe” il faudra de vrais leaders, pas de bureaucrates. ll faudra en particulier une personnalité à Bruxelles avec laquelle tous les Européens – et pas seulement les élites multi- culturelles – puissent s’identifier. Une personnalité qui a l’idée grandiose d’une Europe unie dans ses tripes et qui sait communiquer ses convictions avec enthousiasme directement aux citoyens de toute l’Europe.
Depuis des années, dans les médias et dans la rue, on ne parle que des problèmes de l'Europe en oubliant ses réalisations et réussites depuis la Seconde Guerre mondiale. Elles sont imposantes "indeed" !
De plus, on confond souvent les problèmes “locaux”, d’un pays ou d’une région, avec l’entité européenne.
Pour la majorité des citoyens, l’Europe est un "machin" bureaucratique abstrait à Bruxelles qui est responsable de tous les maux du monde. Les citoyens de l’Europe n'en veulent pas de cette Europe-là. Le déficit démocratique et de leadership est criant.
Le manque de soutien manifesté par les peuples s’explique largement par l'absence d’identification avec l'Europe. Il n'y a pas de communication directe entre les institutions européennes et les citoyens. Rien de réjouissant ou d'inspirant ne semble sortir de Bruxelles. Mais qu'est-ce qu'on a fait de la vision historique des pères fondateurs de l’Union
européenne ?
Pour combler le vide et l’absence de vrais leaders e u r o p é e n s, visibles comme tels, j’aimerais proposer la nomination d'Enrico Letta au poste de "Mister Europe” pour avancer selon la devise “L'union fait la force” et suivre le titre de son récent ouvrage "Andare insieme, andare lontano”.
On a envie de dire “Europe, réveille-toi”! Le train de l'histoire est en marche et le reste du monde ne nous attend pas. Le centre du monde n’est plus Londres, ni Paris, Berlin, Bruxelles ou Rome.
PS. La question à laquelle l’Europe doit répondre est la même que celle qui se pose pour la Suisse: Promouvoir activement ses valeurs dans une entité plus grande ou subir des décisions fondées sur les valeurs d’autrui.