A peine a-t-on repris son souffle après la votation sur la caisse
publique, plus ou moins une reprise de la caisse unique,
qu’Alain Berset veut déjà replonger le peuple dans la LAMal.
Le Conseiller fédéral socialiste propose de restreindre les
franchises à option dans l’assurance maladie obligatoire.
Homme intelligent, il a certainement de bons arguments en
faveur d’une telle mesure. Juste comme Pascal Couchepin avait,
en son temps, de bons arguments pour faire le contraire,
c.-à-d. augmenter la franchise maximale.
Les coûts sociaux de chaque modification
On comprend que les politiciens veulent se profiler avec des
réformes qui peuvent plaire à leurs électeurs. Ils oublient souvent
les coûts – difficilement quantifiables mais plus importants qu’on
ne le pense – de toutes ces modifications. Ces coûts ne se limitent
pas à des tâches administratives, de tonnes de papier et de gaspillage,
mais résultent également des débats sans fin et éventuellement des
votations.
En réalité, les dépenses, visibles ou pas, commencent déjà avant
le lancement d’une initiative ou des "ballons d’essais" car ils sont
généralement basés sur des analyses poussées des systèmes
en vigueur.
Si l’on y ajoute les coûts, directs et indirects, d’une campagne
politique pour ou contre on se rend compte du "coût social”,
c’est-à-dire, des coûts qui sont supportés par l'ensemble de la
société.
Y- a t-il des économies à faire ?
Il est clair que les franchises plus basses induiront pour le
système dans sa globalité des coûts supplémentaires. Le simple
fait qu’il aura beaucoup plus de factures qui circuleraient
entre prestataires, assurances et assurés est un bon exemple.
Et chaque facture qui arrive chez un assureur doit être contrôlée,
une tâche qui exige du personnel qualifié. Après le contrôle, il
y a le remboursement après déduction de la franchise et,
le cas échéant, d’une participation. Ceci pour des prestations qui
autrement seraient assumées, comme c’est le cas aujourd’hui,
par les assurées sans la moindre tâche administrative,
c’est-à-dire sans coût, ni pour l'assuré ni pour l'assureur !
Sans mettre en question les bonnes intentions du Conseiller fédéral,
on ne pourrait pas s’attendre à une baisse de primes mais on peut
être sûr d’une augmentation des coûts du système dans sa globalité.
L'établissement de priorités et la petite cuisine
Une des caractéristiques principales d’un bon manager est sa
capacité d’établir des priorités. Peut – on l'attendre de ceux qui nous
dirigent ? Ne ferait – on pas mieux de consacrer son temps et ses
énergies à de projets qui ont un impact positif durable – comme par
exemple la prévention – de mesures qui peuvent réduire les coûts
pour l’ensemble de la société plutôt que servir des intérêts partisans ?
Au contraire, le marchandage politique, vouloir changer sans arrêt les
systèmes qui marchent plus au moins bien, faire de la petite cuisine est
un exercice très coûteux.