La guerre des langues est déclarée.

Le débat autour des langues fait rage en Suisse alémanique. A l'école primaire: le français, l'anglais ou tous les deux? L'anglais d'abord, le français après ou vice-versa? Avec deux langues "Les élèves sont dépassés". "L'anglais, c'est la langue de l'économie et de la recherche." "Le français sera la victime expiatoire." "Le problème est uniquement pédagogique." 

Et si les experts se trompaient? Plus on est jeune mieux l'on retient facilement et mémorise sans effort. Ne serait-il pas, par conséquent, plus logique de commencer avec la langue la plus difficile, le français pour les Alémaniques, l'allemand pour les Latins et reléguer la langue universelle, l'anglais, à plus tard? Cette logique est encore renforcée par le fait que l'anglais vient plus naturellement pour les adolescents, suscite plus d'intérêt pour la culture américaine, les films, la musique etc. Comme adolescent nous y sommes exposés tous les jours par les media, le contact avec les étrangers, en voyage, etc.

À ne pas oublier: la langue sert avant tout à la communication, tant pis pour la grammaire. Un enfant apprend sa langue maternelle sans grammaire et sans effort. Un jeune enfant ne "structure" pas la langue quand il parle, il n'organise pas consciemment les phrases, il ne cherche pas le terme le plus juste. Il communique, simplement. Les finesses de la grammaire, le raisonnement et le style c'est pour plus tard.

L'enfant apprend sa langue maternelle sans "l'étudier", sans règles grammaticales, sans se compliquer la vie. La méthode d'apprendre les langues dans le sens inverse, inventée par des intellectuels, est une torture!  Apprendre une langue est un exercice de mémoire, pas d'intellect. Répéter – répéter – répéter plutôt que raisonner, construire, réfléchir et composer. Une langue, il faut la vivre, entendre, pratiquer. Il faut rêver dans la langue!

A défaut de résider dans le pays il faut acquérir une langue étrangère comme un enfant, de la façon la plus "naturelle" possible, c'est-à-dire sans réfléchir. Ceci devient de plus en plus difficile avec l'âge! Avant d'attaquer une deuxième langue étrangère il faut avoir acquis, intériorisé la première, il faut la "posséder".
 
Conclusion:

1. Une seule langue étrangère à l'école primaire.

2. La plus difficile en premier lieu. L'allemand en Suisse Romande et au Tessin, le français en Suisse alémanique.

Ilja Feldstein

Né à Hambourg et alumnus d'INSEAD, Ilja Feldstein a bâti sa carrière professionnelle dans des sociétés multinationales au Mexique, aux Etats-Unis et en Allemagne avant de s'établir en Suisse. Son sens aigu de l'indépendance l'a fait changer de cap pour travailler aujourd'hui seul, comme conseiller et courtier dans les domaine de l'investissement et de l'assurance.