Politique européenne

Qui va gagner la Guerre en Ukraine? : les Etats-Unis!

Qui va gagner la Guerre en Ukraine ? Réponse : les États-Unis d’Amérique ! Ou pour l’écrire autrement, Biden dit merci à Poutine. Formulé de la sorte, ce jugement peut choquer, mais il pourrait bel et bien correspondre à l’issue d’un conflit qui doit trouver une solution.

Si Moscou devait arriver à ses fins, l’Europe serait confrontée à un danger permanent auquel elle ne pourra pas faire face sans l’aide des Américains. En revanche, si Kiev devait l’emporter, les USA ne manqueraient pas d’étendre leur influence sur l’ensemble du vieux-continent. Dernier cas de figure, celui d’un compromis entre les parties belligérantes. Mais celui-ci ne pourra pas être signé sans l’aval des États-Unis qui auront à cœur d’en édicter les règles. Plus que jamais, la Maison Blanche est en position de force, ne pouvant que tirer les marrons du feu d’une guerre qu’elle n’avait ni voulue, ni initiée.

La déclaration conjointe signée à Bruxelles le 10 janvier 2023 entre l’Union européenne et l’OTAN est une excellente nouvelle. Surtout pour l’Alliance atlantique. Un peu moins pour les vingt-sept.  « Déterminés à porter le partenariat entre l’OTAN et l’UE à un niveau supérieur », l’Organisation du traité de l’Atlantique nord et l’Union européenne ont en effet renforcé leurs liens au bénéfice d’une coopération stratégique et militaire dont Washington pourra largement tirer profit. Depuis le 24 février 2022, l’atlantisme a retrouvé ses lettres de noblesse d’antan et peut renouer avec un passé glorieux que beaucoup avaient trop vite enterré.

Quoique bloquée pour l’instant par Ankara, l’adhésion plausible de la Finlande et de la Suède à l’OTAN la consolide sur l’échiquier international. Plus que jamais, celle-ci demeure la seule et unique force militaire crédible en Europe. Son retour en grâce conforte la prédominance américaine et condamne à plus ou moins brève échéance tous les projets d’une défense européenne. Certains feront mine de se consoler, se targuant d’avoir offert du matériel de combat aux Ukrainiens. D’autres s’en accommoderont sans broncher, sachant fort bien que Volodymyr Zelensky adressera d’abord ses plus vifs remerciements à Biden pour la livraison des batteries antiaériennes Patriot made in USA.

À l’aube de 2023, l’Union européenne est confrontée à une contradiction dont elle n’a pas deviné ou feint de deviner l’émergence. Partageant des valeurs communes, et renforcée dans son unité, pour avoir pris fait et cause pour l’Ukraine – à l’exception de la Hongrie -, elle expose en même temps les limites de sa souveraineté politique et stratégique. Incapable de proposer une solution militaire et pacifique à Kiev, elle se rangera vraisemblablement du côté de celle que les USA élaboreront lors de l’arrêt des combats. Persuadée d’appartenir au camp des vainqueurs, elle figurera au mieux sur la dernière marche du podium.

À la lumière des récents événements, plusieurs États membres jouent leur propre partition. Se disputant sur la répartition des armes à livrer aux Ukrainiens, ils affichent leurs divergences au grand jour. Alors que certains plaident encore pour la négociation, espérant toujours compter sur un signe venu de Moscou, d’autres préfèrent la manière forte. Ne prenant pour seul modèle que celui préconisé par Washington, ils sont prêts à déployer les troupes de l’OTAN à la frontière russe. Agissant de la sorte, ils ne tirent visiblement aucune leçon de certaines erreurs passées dont Vladimir Poutine s’est largement servi pour enclencher les hostilités sur le territoire ukrainien.

Aujourd’hui, les vingt-sept n’ont aucun intérêt à mettre de l’huile sur le feu. Ils en seraient les premières victimes, car ils auraient perdu sur tous les tableaux. Sans renier un instant leur soutien presque unanime à Kiev, ils ne peuvent pas oublier l’existence de la Russie. Celle-ci demeure géographiquement et culturellement plus proche de l’Europe qu’elle ne l’est des États-Unis. L’UE est à la fois obligée d’en tenir compte, sans renier toutefois sa condamnation des crimes de guerre perpétrés par les armées du Kremlin. Sa marge de manœuvre est étroite et risque de se rétrécir plus encore si l’occident, USA en tête, devait faire des promesses inconsidérées. L’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN serait une grave erreur, comme le serait celle à l’Union européenne. Les Européens en subiraient les conséquences politiques et financières, alors que les États-Unis en récolteraient les fruits.

Aujourd’hui en manque d’inspiration, l’UE doit faire preuve d’imagination. D’abord pour assurer sa sécurité et celle des Ukrainiens. Mais aussi celle des autres peuples placés sous le joug moscovite. Adversaire résolue de Vladimir Poutine, elle n’est pas pour autant l’ennemie de la Fédération de Russie et d’un peuple dont il convient de respecter l’histoire et le besoin de reconnaissance. Ainsi, la démilitarisation, voire la neutralité des espaces biélorusses et ukrainiens pourraient, le cas échéant, constituer une solution à long terme pour laquelle les Européens sont appelés dès maintenant à s’engager hors de toute influence américaine.

 

 

 

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