Et si les abeilles…

Apimondia 2022: 1ère journée

Ruches connectées, science participative et intelligence artificielle

Après un gros orage durant la nuit, cette première journée commence sous une pluie fine durant les 20 minutes de marche pour parcourir les 2 km qui séparent mon hôtel du Centre des congrès. L’avenue est pleine de monde, comme chaque fois que je la parcours. Les contrastes entre les modes d’habillement témoignent de l’extrême diversité des cultures qui se côtoient quotidiennement dans cette ville gigantesque qui s’étend sur 150 km par 50 au carrefour de l’Europe et de l’Asie. J’arrive juste à temps pour la première session qui débute à 9h, un peu essoufflé après avoir contourné l’interminable parc du musée militaire qui doit bien mesurer un km de long.

Mon choix pour Cette première journée est fait. Après avoir consulté le programme, j’assisterai principalement aux sessions sur la Santé des abeilles, avec de temps à autre un visite aux sessions sur la prévention des fraudes, un domaine très technique en plein développement, d’un intérêt économique évident, mais en définitive assez éloigné de mes préoccupations apicoles de tous les jours.

Evidemment, il n’est guère possible de parler de tout. Il faut faire des choix et ceux-ci sont forcément subjectifs. Je retiens trois points forts de cette journée.

La première, est la présentation par Dirk C. de Graaf de B-GOOD, un projet collaboratif de l’Union européenne auquel participent plusieurs pays, dont la Suisse (cf Revue suisse d’apiculture de juillet 2020, p361-36). Le projet est en plein développement et s’adresse aussi bien aux amateurs qu’aux professionnels. Il propose, entre autres, une application. Dénommée BEEP, elle est gratuite, disponible en plusieurs langues dont le français et est conforme aux critères  très sévères de protection des données de l’Union européenne. Elle permet d’enregistrer toutes les données de son rucher et devrait répondre aux besoin de chacun, tout en permettant d’échanger avec ses collègues aux quatre coins de l’Europe.

La seconde, concerne également un projet Européen. Il a été présenté par Noa Simon Delso, chercheuse de Belgique, qui propose une plateforme de science collaborative (EUBP-platform) sur laquelle chacune et chacun peut déposer ses données, les rendre publiques ou les conserver avec un statut “privé”. Cette initiative a pour but de “collecter tout ce qui est disponible sur les abeilles parce que tout est connecté” selon les mots de Noa, ce qui est ambitieux. L’intérêt est évident, car les outils dont disposent les apiculteurs de nos jours, par exemple les balances connectées munies de multiples capteurs, produisent une énorme quantité de data. Actuellement, ces données sont stockées dans divers endroits isolés les uns des autres, ce qui empêche de les exploiter simultanément et de les mettre en relation, alors qu’elles recèlent des trésors d’informations.

Honey.AI L’intelligence artificielle pour analyser les miels Le troisième sujet est également technologique et a été présenté par Pau Cardellach Lliso, de Sonicat Systems. Pau propose une nouvelle méthode de mélissopalynologie pour analyser automatiquement les pollens du miel. Il s’agit d’un microscope robotisé muni d’un module d’identification des pollens fondé sur un algorithme d’intelligence artificielle (AI) reposant lui-même sur une banque de données de plus de 100’000 images de pollens utilisées pour entraîner leur modèle. Pau rapporte des taux de validation du modèle extrêmement élevés, proches de 98%, bien meilleurs que ceux des analyses effectuées par les humains, comme les comparaisons entre laboratoire le démontrent. Le microscope vaut environ 4’000 US$ et une analyse revient à environ 10 US$. La méthode permet également d’identifier et quantifier les levures présentes dans le miel, à la source de la fermentation de certains miels.

 

 

 

 

 

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