Et si les abeilles…

Bees-washing ou récupération de la bienveillance du public envers les abeilles

Qui de mieux placé que les apiculteurs pour parler d’abeilles et d’apiculture ? Cela tombe sous le sens. Et pourtant, cela ne semble pas être l’avis des associations de défense des intérêts agricoles de Romandie. En effet, dans une publication payante (« post paid ») récemment parue dans 20minutes.ch et commandée à grands frais à une agence de communication spécialisée, elles se livrent à une opération de « bees-washing » ou « eco-blanchiment » ou « récupération » qui frise la désinformation. Intitulé « Entre paysans et abeilles, une vieille (et belle) histoire », ce texte s’appuie sur un graphique du Centre de recherche apicole qui retrace la production de miel au cours des 120 dernières années. L’article laisse entendre que les abeilles ne se sont jamais aussi bien portées que durant les deux dernières décennies, et ceci grâce aux efforts des agriculteurs envers l’apiculture. Rien de vraiment faux dans l’énumération des mesures des milieux agricoles en faveur des abeilles, alors que dans la pratique il ne s’agit que de recommandations et de vœux pieux qui n’engagent que celles et ceux qui veulent bien y croire.

Pas un mot dans la description de cette belle « symbiose », ni de reconnaissance, pour les 300-400 millions de valeur ajoutée offerts annuellement et gratuitement par nos abeilles à l’agriculture sous forme de services de pollinisation. Quant au fameux graphique de production de miel, il ne reflète qu’un amalgame de chiffres provenant de sources et de circonstances diverses, produits avec des méthodes de collecte de données et de calcul qui ne permettent pas de véritable comparaison au cours du temps. Ils ne rendent justice ni aux efforts de sélection de nos éleveurs, ni aux améliorations de la conduite des colonies. En plus, ils donnent une fausse image des conditions de vie des abeilles qui se sont pourtant gravement détériorées en raison de l’intensification et de l’uniformisation des paysages agricoles. De telles statistiques desservent nos intérêts. L’apiculture mérite beaucoup mieux.

La manoeuvre est indiscutablement habile. Elle reflète avant tout la panique des milieux traditionalistes face à la menace que représente pour eux les deux initiatives anti-pesticides qui devraient pourtant faire progresser notre société vers une alimentation plus saine. Elle montre également que ces milieux disposent de moyens financiers énormes dont on aimerait bien savoir quels en sont les montants et d’où ils proviennent. Des subventions à l’agriculture ? De l’industrie des agro-pesticides?

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