Sans la représentation des jeunes, le développement durable ne se fera pas

Sans la représentation des jeunes, le développement durable ne se fera pas

La 3ème édition du Building Bridges Summit s’est tenue, cette année, du 3 au 6 octobre, à Genève. Ce forum de discussion internationale vise à connecter la finance et les objectifs du développement durable, à développer de nouvelles initiatives, et des synergies entre les acteurs clés de la finance, les politiques, et la communauté de personnes dans le domaine du développement durable.

Alors que les jeunes générations héritent d’une lourde dette écologique, comme nous l’explique-t-on souvent dans ces forums, ils sont dans les faits, et paradoxalement, absents des discours et des podiums. Insuffisamment considérés et représentés, les jeunes sont pourtant une importante source de réflexions, d’idées et d’innovation. Leur vif intérêt et leur fort engagement pour une société durable et pérenne ne sont plus à démontrer.  

Ainsi, au-delà de la nécessité de repenser la transition environnementale, et de séparer le bon grain de l’ivraie, comme l’explique Aurèle Cotton, co-responsable du programme «place financière» au sein du foraus, la question de l’inclusion et de la représentation des jeunes générations dans les plans d’action et les processus décisionnels est fondamentale.

 

Un plan d’action urgent, mais toujours exclusif

Les jeunes générations portent un lourd fardeau, celui d’hériter d’une planète dont l’état est désastreux, et la responsabilité d’apporter des solutions et de préparer un avenir plus durable. Mais, face à l’état d’urgence climatique planétaire, il semblerait que la population n’a pas suffisamment pris conscience du peu de temps qu’il nous reste, explique Owen Gaffney, analyste de la durabilité mondiale au sein du Stockholm Resilience Center de l’université de Stockholm, dans une interview accordée en 2019 à National Geographic.   

Toutefois, la prise de conscience des enjeux climatiques est grandissante chez les jeunes, comme l’indiquent leur implication et leur engagement lors de la grève pour le climat qui s’est tenue en 2019  dans plus de 200 pays, de la marche internationale en marge du Sommet Action Climat de l’ONU, ou lors du premier dialogue organisé à ce sujet en 2020 au siège de l’ONU. 

Et, malgré la prédominance d’actions peu inclusives, des initiatives comme Swiss Youth for climate ou Geneva Youth Call, ou l’idée d’une Swiss Green Investment Bank sont des exemples concrets, qui montrent que les jeunes ont conscience du manque de temps, et assument leur responsabilité de diverses façons. Mais, cela ne suffira certainement pas. Car pour lutter contre le changement climatique il faut, en effet, un plan d’action plus urgent et bien plus étendu, comme l’affirme Stephanie Pfeifer, PDG de l’Institutional Investors Group on Climate Change (IIGCC). 

 

Crise de confiance ou crise de légitimité ?

Un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) datant de 2018 fait le bilan de niveau de confiance des jeunes envers leurs gouvernements dans les pays de l’OCDE : les jeunes ont peu confiance envers leur gouvernement. En comparaison avec l’Allemagne (61%), le Royaume-Uni (41%), ou la France (27%), la confiance des jeunes en Suisse se situe à 85%. 

Si ce taux peut paraître globalement satisfaisant en Suisse, il n’est pas interdit de prendre en compte les recommandations de l’OCDE. Ainsi, l’intégration des perspectives des jeunes dans les processus de politique publique, et la participation et la représentation des jeunes, au niveau fédéral, régional, et local, notamment en matière de questions environnementales, figurent parmi les cinq priorités définies par l’étude. 

Une insuffisante intégration et représentation des jeunes comme acteurs du développement durable pourrait, sur le long terme, entraîner des répercussions négatives. Outre une crise de confiance, et rupture de la cohésion sociale, c’est une crise de légitimité dans une société démocratique que l’on risquerait de provoquer.

 

Conclusion

Le développement durable est un défi intergénérationnel, qui ne se fera pas sans la considération et la représentation des jeunes également. Le temps presse et, seules, les paroles ne suffisent plus. Pour répondre à cet enjeu, dans une volonté de collaboration efficiente, deux actions concrètes peuvent être mises en place : 1) inclure les jeunes dans les dialogues et les plans d’action, dans un processus de multistakeholder engagement; et, 2) favoriser les “plateformes ouvertes, inclusives, et représentatives” à la “création de ponts”. 

 

Ataa Dabour est membre du comité du foraus, et consultante en développement durable. Titulaire d’un Master en sécurité globale et résolution des conflits, et certifiée en durabilité par le UN Global Compact, elle a travaillé auparavant dans les standards environnementaux, sociaux, et de gouvernance (ESG) et l’impact social des entreprises dans les pays dits fragiles auprès de PeaceNexus. 

 

 

 

Crédit d’image: Markus Spiske on Pexels

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2 réponses à “Sans la représentation des jeunes, le développement durable ne se fera pas

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  2. L’implication des jeunes…
    La loi CO2 à été plus rejeté chez les jeunes que chez les vieux.
    Il y a un implication politique de certains jeunes, universitaires principalement, pour le reste…

    Mais au fond, le sujet n’est pas là, le soucis climatique est un soucis QUE occidentale, point final, c’est là le drame.
    Impliquer les jeunes occidentaux, c’est juste bon pour ? Les solutions ne se trouvent pas dans des idéologies, la morale, le clanisme.

    Il y a un seul enjeu, que la problématique du climat sorte d’occident, et ce n’est pas pour bientôt. En résumé, on doit s’adapter au changement, puisqu’on ne peut pas compter sur le reste du monde pour atteindre les buts énoncés au niveau de la planète.

    Les échecs des COP montrent l’indifférence général hors occident. Donc l’avenir est dans les mains des ingénieurs, des agronome, etc…
    La jeunesse n’apporte rien en soi, mais c’est à la mode.

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