Les Américains

Guerre de Donald Trump contre les médias: nouveau coup de sabre

WASHINGTON, DC - JANUARY 14: U.S. President Donald Trump answers questions from the press as he departs the White House January 14, 2019 in Washington, DC. Trump is scheduled to travel to New Orleans today to address the American Farm Bureau Federation???s 100th annual convention. (Photo by Win McNamee/Getty Images)

Ainsi donc, Donald Trump, en guerre contre les «Fake News» depuis le début de son mandat, vient de décider de supprimer le briefing quotidien à la Maison-Blanche destiné aux journalistes. Fini. Touché, coulé. «Bye bye», comme dirait le président lui-même.

Son argument: la majorité des journalistes sont «malhonnêtes» à son égard, plus besoin du coup de les abreuver d’informations venant de la Maison-Blanche.

Ce point presse, qui n’était d’ailleurs plus quotidien depuis un moment – le dernier remonte au 18 décembre -, est une tradition solidement ancrée depuis des décennies et  retransmis en direct à la télévision depuis la célèbre salle de presse de la «West Wing», rappelle l’AFP. C’est généralement le ou la porte-parole qui se présentait aux médias, parfois accompagné de membres de l’administration.

«La raison pour laquelle Sarah Sanders (la porte-parole de la Maison-Blanche, ndlr) ne va plus au podium est que la presse la traite de façon très impolie et que la couverture est biaisée, en particulier de la part de certains membres de la presse», a tweeté mardi Donald Trump. «Je lui ai dit de ne pas se donner la peine de continuer, le message passe quoi qu’il arrive! La plupart des médias ne nous couvriront jamais de façon honnête, d’où le terme de Fake News!».

«Ne pas se donner la peine de continuer»: est-ce véritablement un clap de fin? Quoiqu’il en soit, dans une Maison-Blanche sous chaos permanent à en croire les récits de plusieurs personnes qui y ont travaillé, Donald Trump a depuis longtemps fait son choix: Twitter. Pour court-circuiter les journalistes, atteindre directement sa base électorale et, en passant, asséner plusieurs coups aux médias. Sans filtre, direct.

Un des derniers épisodes de cette guerre présidentielle contre les médias, nous vous le racontions ici: Jim Acosta, le correspondant de CNN à la Maison-Blanche, s’était fait (temporairement) retirer son accréditation pour avoir été un peu trop insistant avec ses questions.

Donald Trump n’a visiblement pas l’intention d’enterrer la hache de guerre, alors même que la campagne présidentielle 2020 est bien lancée. Autre argument pour mettre fin au briefing quotidien qu’il juge inutile: il répond encore – brièvement – aux journalistes depuis la pelouse de la Maison-Blanche avant de s’envoler à bord de son hélicoptère pour des voyages officiels. La dernière fois, d’ailleurs, c’était pour prononcer cette phrase plutôt surprenante pour un président: «Non, je n’ai pas travaillé pour les Russes».

Donald Trump, en tout cas, réussit, il faut l’admettre, une prouesse: même en boycottant les médias, ces derniers ne parlent que de lui, réagissant souvent à chacun de ses tweets.

Dans une excellente Opinion publiée récemment dans le New York Times et intitulée «Les médias seront-ils de nouveau les complices de Donald Trump en 2020?», Frank Bruni, écrit: «Trump nous torture. Volontairement, oui; je fais allusion à la façon dont il n’arrête pas de se moquer de nous à sa manière. Et aux choix difficiles que lui, plus que ses prédécesseurs à la Maison-Blanche, nous oblige à faire. Sa demande de temps d’antenne à la télévision mardi soir (une allusion à son discours à la Nation sur le shutdown et l’impasse à propos du mur qu’il veut construire entre les Etats-Unis et le Mexique, ndlr) en était un parfait exemple: nous avons dû mettre dans la balance une demande qui avait des précédents et un président qui n’est pas à la hauteur lorsqu’il s’agit de vérité. Nous avons dû nous battre – et trouver un moyen pour y résister – contre son talent de nous utiliser comme récipients de propagande».

Pendant son discours télévisé, plusieurs grands médias se sont effectivement attelés, en direct, à faire du fact-checking, et vérifier chacune de ses assertions. Pour les remettre dans leur contexte, les nuancer ou parfois même prouver qu’elles sont fausses. Du jamais vu.

Mais Frank Bruni laisse surtout entendre qu’il faudrait s’écarter de ses tweets et prendre du recul pour mieux enquêter sur ce qui le mérite vraiment. «Nous n’avons qu’à nous sevrer de ses expectorations Twitter, qui sont un carburant si facile et divertissant pour parler – ou, plutôt, exploser – des gens», dit-il, tout en confirmant avoir lui-même goûté aux tweets.

A méditer. 

En attendant, je viens de réagir à un tweet de Donald Trump.

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