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WikiLeaks: les révélations qui font mal à Hillary Clinton

Democratic presidential nominee Hillary Clinton leaves a Hillary Victory Fund event in New York on October 6, 2016. / AFP PHOTO / TIMOTHY A. CLARY

On comprend aujourd’hui pourquoi Hillary Clinton a refusé de publier ses discours prononcés auprès de plusieurs institutions financières de Wall Street. WikiLeaks a publié vendredi des extraits de ces allocutions. Bien qu’il s’agisse d’extraits et qu’on n’ait pas l’intégralité de la pensée exprimée par l’ex-secrétaire d’Etat, ils pourraient avoir un impact considérable sur la démocrate dans la course à la Maison-Blanche. Grassement payée (près de 600 000 dolllars au total pour ses discours à Goldman Sachs), elle y déclare qu’elle est foncièrement en faveur du libre-échange, qu’elle serait prête à équilibrer le budget fédéral et à augmenter l’âge permettant de toucher Social Security (retraites).

Elle dit rêver de “frontières ouvertes et de libre commerce” au sein de l’hémisphère occidental. Comme le souligne le New York Times, elle se réfère à Abraham Lincoln qui savait négocier en coulisses et tordre les bras des gens avec qui elle négociait. Elle juge nécessaire d’avoir toujours un regard  public et privé sur les problématiques. Elle reconnaît même que la fortune grandissante des Clinton l’a en quelque sorte “beaucoup éloignée” des préoccupations de la classe moyenne. Depuis qu’ils ont quitté la Maison-Blanche, les Clinton ont gagné environ 120 millions de dollars par des discours tenus ici et là.

Hillary Clinton déplore le fait qu’après la crise financière de 2008, il soit devenu toujours plus difficile pour des gens fortunés de travailler au sein du secteur public et du gouvernement. En automne 2013, dans un débat en présence de Lloyd Blankfein, un ami et le patron de Goldman Sachs, Hillary Clinton relève qu’il est trop simplificateur de faire porter le chapeau de la crise financière de 2008 au secteur bancaire.

Les extraits ont été obtenus par un piratage de la messagerie de l’actuel chef de la campagne de la démocrate, John Podesta. L’action serait imputable à des hackers russes.

©Stéphane Bussard
Convention démocrate, Philadelphie

L’affaire pourrait fortement porter préjudice à Hillary Clinton. Motif? Elle met à nouveau en relief le problème de confiance dont souffre la démocrate auprès de l’électorat. Au cours des primaires démocrates, elle n’a cessé de déclarer qu’il n’y avait aucune banque qui était “too big to fail”. Elle s’est fortement opposée au Partenariat transpacifique, un traité de libre-échange entre douze pays de la zone Asie-Pacifique qui représentent 40% du commerce mondial et que le président Barack Obama a réussi à conclure. Or quand elle était encore secrétaire d’Etat, elle a parlé du traité comme de “l’étalon or” du commerce. Elle a viré à 180 degrés au cours des primaires pour faire face à son rival Bernie Sanders qui a tenu un discours très puissant contre Wall Street et contre les traités de libre-échange.

Sans l’électorat de Bernie Sanders, Hillary Clinton pourrait avoir beaucoup plus de mal à se faire élire le 8 novembre prochain. A moins que les problèmes de Donald Trump pèsent encore davantage dans une course à la Maison-Blanche pour le moins déconcertante.

 

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