Les Américains

Chris Christie serait le président de la “Troisième Guerre mondiale” qui ferait abattre un avion russe s’il le fallait

C’est sans doute l’un des moments qui a le plus passé en boucles sur les télévisions américaines. Gouverneur du New Jersey et candidat à l’investiture républicaine, Chris Christie a jugé nécessaire de montrer ses muscles pour tenter de remonter dans les sondages et se remettre en selle dans la course à la Maison-Blanche. Répondant à une question de l’animateur du débat républicain de Las Vegas mardi soir animé par le journaliste Wolf Blitzer de CNN au sujet de l’instauration éventuelle d’une zone d’exclusion aérienne en Syrie, Chris Christie n’a pas hésité. Si un avion russe violait la zone en question, il n’hésiterait pas: il ferait abattre l’avion en question, montrant qu’il n’aurait rien à voir avec l’actuel occupant du Bureau ovale sans courage et incapable de résister à la Russie de Vladimir Poutine.

Ses propos ont provoqué des réactions tous azimuts. A commencer par celles du candidat Rand Paul qui, lors du débat, a fait remarquer au public que s’il voulait un prétendant à la Maison-Blanche désireux de déclencher la Troisième Guerre mondiale, Chris Christie était son candidat.  “Nous avons besoin d’un commandant en chef de l’armée, nous avons besoin de quelqu’un avec une capacité de discernement.” Animateur de Hardball sur MSNBC, Chris Matthew a articulé son commentaire du jour sur Chris Christie et l’irresponsabilité d’un candidat qui fait fit de la raison, de l’histoire et de la sécurité des Américains. Tout au long de la Guerre froide, les chefs de la Maison-Blanche ont toujours agi pour éviter à tout prix une confrontation directe avec la Russie, plus grande puissance nucléaire mondiale avec les Etats-Unis. On se rappelle John F. Kennedy en 1962 avec la crise des missiles de Cuba. Ronald Reagan lui-même n’a jamais poussé la rhétorique au-delà du point de non-retour. Plus récemment, Barack Obama a tout fait pour imposer des sanctions à Moscou pour l’annexion de la Crimée et pour son rôle de perturbateur dans l’est de l’Ukraine, mais c’était une manière de mieux éviter la confrontation directe. Washington est restée aussi très en retrait quand la Turquie a abattu un avion russe qui, selon Ankara, aurait violé l’espace aérien turc. Il n’a pas cherché non plus à condamner les mesures que Moscou comptait prendre pour punir la Turquie. Le potentiel de dérapage entre un membre de l’OTAN et la Russie était trop grand.

Chris Christie, lui, ne voit pas le problème. Un jour après le débat, il enfonce le clou.

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