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Fusillade en Californie: la communauté musulmane dénonce rapidement un acte de terreur pour éviter les amalgames

A victim is wheeled away on a stretcher following a shooting that killed multiple people at a social services facility, Wednesday, Dec. 2, 2015, in San Bernardino, Calif. (David Bauman/The Press-Enterprise via AP) MAGS OUT; MANDATORY CREDIT; LOS ANGELES TIMES OUT

Il était employé du Département de la santé du comté de San Bernardino, à quelque cent kilomètres au sud de Los Angeles. Il était spécialisé dans les questions sanitaires liées à l’environnement. Syed Farook, un citoyen américain, est l’un des suspects de la pire fusillade perpétrée aux Etats-Unis depuis celle de Sandy Hook, à Newtown, Connecticut, en décembre 2012. Mercredi soir, le bilan était très lourd: 14 personnes tuées, 17 blessés dont 10 très grièvement. Selon les enquêteurs et le FBI, le suspect n’était pas seul. Une femme, qui conduisait le véhicule 4×4 dans lequel s’était aussi installé Syed Faro, a été tuée  lors d’échanges de coups de feu avec la police. Le passager est également mort dans la confrontation.

Les autorités californiennes n’excluaient pas la piste terroriste, mais sont restées très prudentes quant à la qualification de la tragédie. Les auteurs de la fusillade se sont rendus au Inland Regional Center, un centre pour handicapés qui était utilisé mercredi par le personnel du Département de la santé du comté pour une fête de fin d’année. Le suspect présumé, Syed Farook, serait entré dans la salle, se serait disputé avec d’autres employés. Il serait ensuite ressorti et revenu pour commettre un massacre. Selon des témoins, il portait un passe-montagne de ski, mais plusieurs personnes ont reconnu sa voix. Hier soir, des sources proches de l’enquête laissaient entendre que son frère serait également dans le collimateur des autorités. Dans le véhicule 4×4, les deux suspects étaient vêtus de tenues de camouflage et portaient des fusils d’assaut.

Preuve des tensions qui pourraient monter encore d’un cran envers les musulmans malmenés par certains candidats républicains à la Maison-Blanche, le Council on American Islamic Relations (Le Conseil des relations américano-islamiques) a tenu d’emblée une conférence de presse pour dénoncer l’acte commis mercredi sur le coup de onze heures dans le sud de la Californie. Durant la conférence, le beau-frère du suspect, Fahran Khan, choqué, a exprimés sa tristesse face à une tragédie apparemment causée par le frère de son épouse: “Les mots me manquent pour dire à quel point je suis triste.” Fahran Khan a parlé à Syed Farook il y a environ une semaine. Il a déclaré ne pas savoir pourquoi son beau-frère aurait accomplis un tel acte.

Pour la communauté de San Bernardino, un comté connaissant des conditions socio-économiques difficiles, c’est un traumatisme. Si personne ne semblait connaître les raisons de la fusillade et que les autorités n’excluaient pas un acte terroriste, la tragédie a remis sur le devant de la scène la question ultra-sensible des armes à feu. Selon les enquêteurs, les armes utilisées auraient été achetées légalement. Mais on ne connaît pas à ce stade les conditions dans lesquelles elles ont été acquises et où elles ont été achetées. La Californie connaît pourtant l’un des régimes les plus strictes du pays en termes de régulation des armes à feu. Invité sur CBS pour une interview prévue de longue date, le président Barack Obama a exprimé une nouvelle fois sa consternation face à une énième tragédie causée par des armes à feu. “Ce que nous savons maintenant, c’est que nous sommes confrontés à une série de fusillades dans ce pays qui ne connaît aucun parallèle dans le monde.” Il a appelé une nouvelle fois à un durcissement du contrôle des armes à feu, à l’introduction de contrôle strict de l’identité des acheteurs. Il s’étonne que les républicains craignent la venue en avion de réfugiés syriens et qu’ils ne disent rien quand n’importe qui peut acquérir une arme à feu sans grande formalité.

Mercredi soir, des forces spéciales cernaient encore la maison où semblait habiter le principal suspect Syed Farook, craignant également la présence d’explosifs. Un robot spécial a été utilisé pour tenter d’y voir plus clair.

 

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