Les Américains

Donald Trump plaide pour recourir à nouveau aux simulations de noyade

Mike Morice, center, and other members of World Can't Wait group perform a live waterboarding demonstration outside the Spanish Consulate in Manhattan to urge prosecution in Spain of the alleged involvement of Bush administration officials in the torture of terror suspects, Thursday, April 23, 2009 in New York. (AP Photo/Mary Altaffer)

On pensait de la technique de la simulation de noyade qu’elle avait été définitivement jetée aux oubliettes de l’Histoire par Barack Obama en 2009 quand il l’avait interdite. Elle avait provoqué un scandale quand il s’avéra que la CIA l’utilisa abondamment sur ses sites secrets où elle détenait des terroristes présumés principalement d’Afghanistan, du Pakistan et du Yémen. Le cerveau autoproclamé du 11 septembre 2001, Khaled Cheikh Mohammed, a subi à 183 reprises le “waterboarding”.

C’était sans compter sur le maître de l’outrage, Donald Trump, candidat à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle américaine de novembre 2016. Dimanche, sur la chaîne ABC, il a plaidé pour le retour de cette technique d’interrogatoire considérée par l’administration Obama et les organisations de défense des droits de l’homme comme de la torture. “Je pense que la simulation de noyade, c’est de la gnognotte par rapport à ce qu’ils nous font subir”, a déclaré Donald Trump, faisant référence aux atrocités commises par les djihadistes de l’Etat islamique.

Le milliardaire new-yorkais en a fait une marque de fabrique de sa campagne électorale: il faut dire tout haut ce que beaucoup ne pensent même pas tout bas. En déclarant quelques jours plus tôt qu’il fallait établir un fichier pour recenser les musulmans vivant aux Etats-Unis, il a suscité une réaction de colère même auprès de la communauté juive pour laquelle ce type de méthode rappelle des heures sombres de l’entre-deux-Guerres. Face au tollé, il a rectifié en partie le tir, soulignant que le registre dont il parlait ne s’appliquerait qu’aux réfugiés syriens. Dans la même interview accordée dimanche à George Stephanopoulos sur ABC, Donald Trump affirme même que les musulmans du New Jersey auraient “applaudi aux attentats du 11 septembre 2001”. On ne compte plus chez lui les dérapages qui n’ont pour l’heure aucun effet sur sa cote de popularité ou qui plutôt la renforce. Donald Trump (32%) est largement en tête d’un sondage réalisé par ABC/Washington Post. Ben Carson arrive en seconde position avec 22% et Marco Rubio troisième avec 11%.

Les propos de Donald Trump sur le “waterboarding” choque, mais ils ne font que rappeler ce que l’ex-vice-président Dick Cheney ne cesse de penser: des techniques de ce type sont nécessaires et ont permis d’obtenir des informations cruciales dans la lutte contre le terrorisme, notamment de trouver Oussama ben Laden.C’est aussi la version qui semble s’imposer dans le film de Kathryn Bigelow “Zero Dark Thirty”. Face au vif débat que ce dernier a provoqué, la réalisatrice oscarisée s’était empressée de précider que le film était de la fiction et non plus ce qu’elle avait décrit en préface du film: qu’il s’agissait d’un film “basé sur des informations de première main sur des événements réels”. Un travail en somme de journalisme d’investigation.

Cette thèse a été cependant largement réfutée par le rapport sur la torture établi par une commission du Sénat et par celle qui en fut encore la présidente l’an dernier, la sénatrice démocrate Dianne Feinstein.

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