Les Américains

Signes précurseurs d’Alzheimer dans des discours de Ronald Reagan

Photo: Bob Daugherty/AP/Keystone. Discours sur l'état de l'Union de 1983

Ronald Reagan, élu en 1980 à la présidence des Etats-Unis qu’il a conservée jusqu’en janvier 1989, dut se rendre à l’évidence en 1994: ses médecins lui ont diagnostiqué la maladie d’Alhzeimer. Le 40e président américain en subit les conséquences durant une décennie, jusqu’à sa mort en 2004. Il avait alors 93 ans.

Des chercheurs du Banner Alzheimer’s Institute de l’Université d’Arizona à Phoenix ont eu la bonne idée de comparer les discours tenus par le président Reagan durant 46 conférences de presse aux 101 tenus par son successeur, George Bush père. Leur méthode, basée sur des algorithmes et expliquée dans un article du New York Times intitulé “In Reagan’s Speeches, Early Clues to Dementia“, a permis de déceler des changements structurels dans la manière dont Ronald Reagan s’exprimait au fil du temps. Les scientifiques se sont bien assurés de comparer ce qui était comparable. C’est pourquoi ils ont choisi Reagan et Bush qui non seulement ont travaillé ensemble, mais ont aussi siégé à la Maison-Blanche à la même époque.

Leurs observations sont claires. George H. Bush n’a pas changé sa manière de s’exprimer au fil du temps. Chez Ronald Reagan, en revanche, des changements sont apparus. Il a commencé à répéter davantage les mêmes mots et à utiliser des vocables vagues du genre “chose” pour qualifier quelque chose de précis. Enfin, il a de moins en moins utilisé des termes propres à lui-même, ce que les linguistes appellent l’idiolecte. Ces tendances se sont accentuées au cours du second mandat présidentiel.

Pour les universitaires, l’objectif de leur recherche est de trouver des moyens de déceler de façon précoce une maladie comme celle d’Alzheimer afin d’adopter des stratégies le plus vite possible pour en atténuer les effets. Les scientifiques se privent toutefois bien d’affirmer que les légères altérations du langage ont affecté les décisions et la capacité de jugement de Ronald Reagan. La question s’était néanmoins posé en 1984 après la mauvaise performance du républicain Reagan face au démocrate Walter Mondale lors du premier débat de la campagne présidentielle. Une étude publiée à l’époque avait laissé entendre que Ronald Reagan avait quelques problèmes cognitifs. Elu à 69 ans, il avait, en 1984, 73 ans.

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