Les Américains

Ferguson: l’onde de choc du rapport de la Justice fédérale

Certains observateurs américains s’étaient offusqués en constatant que le Département fédéral de la Justice (DoJ) avait renoncé à poursuivre le policier blanc Darren Wilson, qui avait tué, le 9 août 2014,  Michael Brown, un Afro-Américain non armé à Ferguson, dans le Missouri. Pour qu’une plainte fédérale pour violations des droits civiques aboutisse, la barre est toutefois placée très haut.

Le DoJ a parallèlement présenté un rapport explosif sur le biais de la police de Ferguson, qui s’est appliquée à arrêter de façon disproportionnée la population noire de la ville pour des infractions mineures du trafic, infligé des amendes pour traverser la route à pied au feu rouge.

Ce rapport est en train de produire une onde de choc à Ferguson. Mercredi, le chef de la police de Ferguson, Thomas Jackson (photo Scott Olson/Getty Images/AFP) a démissionné de son poste après la vive polémique provoquée par le rapport. Avant lui, le responsable administratif de la ville (city manager) et un juge de la cour municipale, laquelle a été placée sous la surveillance de l’Etat du Missouri.

A voir ce que provoque l’intervention (à travers un rapport) du Département fédéral de la justice sans laquelle rien n’aurait sans doute vraiment changé à Ferguson, on peut s’interroger sur le bien-fondé de la décision de la Cour suprême des Etats-Unis (2013) de supprimer la section V de la loi sur le droit de vote. Le Voting Rights Act est l’illustration emblématique des victoires obtenues par le mouvement des droits civiques. La section V prévoit que neuf Etats au passé ségrégationniste doivent soumettre leur législation électorale à l’approbation de l’Etat fédéral pour garantir que chaque citoyen puisse voter. Aujourd’hui, on le constate: certains Etats ne sont pas encore à même d’éradiquer les formes les plus crasses du racisme aux Etats-Unis. Plusieurs gouverneurs (républicains) ont par ailleurs tout tenté pour adopter des lois ou des mesures dont l’effet est de réduire l’accès aux urnes. C’est le cas des cartes d’identité exigées dans certains Etats pour pouvoir voter. Or aux Etats-Unis, les citoyens ont toujours montré une fierté de ne pas avoir à prouver leur identité. Beaucoup n’ont pas de permis de conduire, qui sert de carte d’identité. Pour eux, voter devient un vrai défi.

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