Les Américains

Michelle Obama sans voile en Arabie saoudite

Les médias se sont beaucoup intéressés à la composition de la délégation américaine à Riyad venue présenter ses condoléances à la famille royale saoudienne. Impressionnante, elle comprenait bien sûr le président Barack Obama, mais aussi le secrétaire d’Etat John Kerry, la conseillère à la sécurité nationale Susan Rice et le directeur de la CIA John Brennan. Ce qui a toutefois fait le buzz sur les réseaux sociaux, c’est Michelle Obama.

 

La First Lady n’a pas souhaité porter le voile lors de la visite. En Arabie saoudite, où le wahhabisme prône un islam rigoureux, les femmes doivent porter au moins le voile. Elles portent de fait quasiment toutes le niqab. D’un point de vue protocolaire, Michelle Obama, en tant que représentante officielle d’un Etat étranger, avait tout à fait le droit d’agir ainsi. Mais certains messages de musulmans sur Twitter n’ont pas manqué de la critiquer pour ce manque de respect pour l’islam. Forte personnalité, la First Lady n’est d’ailleurs pas restée en retrait quand une série d’officiels saoudiens ont défilé pour venir serrer la main de Barack Obama. Elle était là, en tant que femme qui compte. Certains d’entre eux lui ont serré la main, d’autres se sont contentés d’un geste de la tête.

L’épisode n’ira pas sans rappeler la visite de l’ex-ministre suisse des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey en Iran. La presse suisse s’était déchaînée contre la conseillère fédérale parce qu’elle portait un voile (blanc) lors de sa rencontre avec le président ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad. Le rédacteur en chef de l’époque du Matin, Peter Rothenbühler, s’était fendu d’une page dans son journal pour dire à quel point Micheline Calmy-Rey était une honte pour les Iraniennes. Or rien n’était plus éloigné de la vérité. Les féministes iraniennes ont d’autres priorités avant de demander le libre port du voile. Elles exigent l’abolition de lois discriminatoires envers les femmes. En arrivant à l’aéroport de Téhéran, Micheline Calmy-Rey ne portait pas le voile. C’était un choix délibéré.

La délégation suisse, qui comprenait le secrétaire d’Etat Michaël Ambühl, fut prise de panique en voyant les Iraniens s’agiter. La patronne du Département fédéral des affaires étrangères s’était rendue en Iran pour soutenir la signature d’un contrat gazier entre la République islamique et la société suisse Axpo. Un incident diplomatique aurait pu tout faire capoter. Après discussion avec Micheline Calmy-Rey, cette dernière finit par accepter de porter le voile pour se conformer à ce qui est une loi incontournable même pour les ministres étrangers en visite. Presque contre son gré (photo EPA/Keystone). A Berne, on avait d’ailleurs étudié la question en détail. Les attaques contre Micheline Calmy-Rey traduisaient une ignorance crasse de l’Iran. Là où la ministre n’avait pas bien géré sa visite, c’était par ses éclats de rire. Même si c’est une attitude naturelle chez elle, ils passèrent mal en présence d’un président Ahmadinejad qui était à l’époque la cible de vives critiques de la communauté internationale pour ses déclarations outrancières.

Michelle Obama, Micheline Calmy-Rey, même combat, mais avec des moyens différents.

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