Mitt Romney avait aussi déclaré que le retrait américain d'Irak à la fin 2011 avait été une "énorme erreur". Là aussi, il a eu pour ainsi dire raison puisque face à l'avancée du groupe djihadiste de l'Etat islamique, l'administration Obama a dû envoyer plusieurs miliers "d'experts" militaires pour soutenir l'armée irakienne. Le républicain mettait aussi en doute l'argument avancé par Barack Obama selon lequel Al-Qaida avait été décimé après qu'Oussama ben Laden eut été éliminé. Aujourd'hui, force est de constater que Mitt Romney avait vu juste.
Ces constats méritent néanmoins quelques commentaires. Comme le souligne dans Politico Mieke Eoyang, directeur du National Security Project au sein du laboratoire d'idées démocrate Third Way, "Romney avait raison de dire que le monde devenait plus complexe. Mais un monde complexe ne signifie pas qu'il faille y répondre de façon simpliste. C'est ce que Romney proposait." Cela dit, c'est un fait. Barack Obama a construit son message de campagne électorale sur la rhétorique selon laquelle Al-Qaida avait été décimé. C'était bien sûr exagéré et l'administration démocrate en avait sans doute conscience. L'impression reste toutefois que le président démocrate a non seulement minimisé la menace, mais aussi soldé la fin de la guerre en Irak.
Par rapport à la Russie, la "vision" de Mitt Romney est chanceuse. Personne n'imaginait que le maître du Kremlin allait à ce point déstabilisé l'est de l'Europe en bafouant les principes de l'Acte d'Helsinki d'intangibilité des frontières et de souveraineté. En 2012, il était facile pour le républicain d'avancer que le "reset button", la politique de remise des compteurs à zéro avec la Russie avait échoué. Elle a permis des percées importantes comme le nouveau Traité Start dont la mise en oeuvre a, du fait de la crise ukrainienne, du plomb dans l'aile. Quand Mitt Romney jugeait la Russie "l'ennemi géopolitique numéro 1", difficile d'imaginer ce qu'il aurait concrètement entrepris pour éviter un événement tel que l'annexion de la Crimée. Une guerre directe avec Moscou? Cela paraît impensable. De fait, les sanctions imposées par les Etats-Unis et l'Union européenne ont eu un impact majeur sur l'économie russe, acculant Vladimir Poutine. Même question au sujet de l'Iran: si Mitt Romney doutait de la raison d'être des négociations sur le programme nucléaire iranien, qu'aurait-il fait pour changer la donne? Bombarder les installations nucléaires iraniennes? Cela aurait peut-être repoussé la fabrication de la bombe de cinq ans et provoqué un chaos indescriptible au Moyen-Orient où les intérêts américains ont fortement souffert. Actuallement, les négociatioins qui ont repris à Genève laissent un espoir de résoudre la crise du nucléaire iranien de façon diplomatique et pacifique. Pourquoi ne pas essayer?