Les Américains

L’Amérique dépourvue d’ambassadeurs dans des zones sensibles

000_451860136Le chroniqueur du Washington Post David Ignatius n'aime pas utiliser le terme de déclin quand il s'agit de l'Amérique. Il ne croit pas à une telle notion. Mais quand il s'agit de décrire l'attitude des sénateurs républicains (photo montrant le chef de la minorité Mitch McConnell/Alex Wonk/Getty Images/AFP) à Washington, il se voit contraint de changer de grille d'analyse. Ces derniers ne cessent de critiquer la politique étrangère du président Barack Obama, la jugeant insuffisamment musclée et engagée. Dans le même temps, ils refusent de confirmer des nominations d'ambassadeurs dans des zones actuellement très sensibles.

Ainsi, explique David Ignatius, ils ont refusé pour l'heure de confirmer le candidat au poste d'ambassadeur en Turquie, un allié pourtant essentiel pour échafauder une stratégie commune visant à combattre l'Etat islamique qui sème la terreur en Syrie et en Irak. Mais aussi le candidat pour la Sierra Leone alors que la région fait face à la pire épidémie d'Ebola jamais recensée. "Disons-le simplement: c'est ainsi que des Etats perdent leur pouvoir et influence quand ils sont incapables de s'entendre sur des questions aussi basiques que la représentation diplomatique."

Selon le Département d'Etat, 65 nominations attendent confirmation. Comme le souligne le chroniqueur, il est vrai qu'une poignée de nominations ne méritent pas d'être confirmées. C'est le cas du candidat pour le poste en Norvège (voir mon post de janvier 2014) George Tsunis. Mais 40 candidats sont des diplomates de carrière et ont donc l'expérience requise.

Onze postes d'ambassadeurs restent vacants en Afrique, alors que le continent fait face à de sérieux défis relatifs au terrorisme et à Ebola, neufs en Europe de l'Est alors que le président russe Vladimir Poutine joue avec le jeu en Ukraine, six en Asie malgré le fait que la Chine joue les gros bras en mer de Chine. Quant au Moyen-Orient, il manque encore un ambassadeur américain à Bahrein et dans les Emirats arabes unis. Le directeur général du Service diplomatique du Département d'Etat, Arnold Chacon, attend depuis 326 jours sa confirmation du Congrès. Le Sénat n'a toujours pas confirmé les nominations de secrétaires d'Etat adjoints pour l'ONU, les négociations relatives au contrôle des armements ou les questions énergétiques. David Ignatius relève avec ironie que les républicains fustigent l'administration de Barack Obama par rapport à la crise de l'immigration d'enfants en provenance d'Amérique centrale dont le Guatemala. Mais dans le même temps, cela fait 86 jours que le nominé pour le poste d'ambassadeur au Guatemala attend d'être confirmé à son poste.

La présence d'ambassadeurs sur place est aussi bénéfique aux entreprises américaines, souligne le chroniqueur. Selon le Département d'Etat, les sociétés américaines ont demandé l'aide d'ambassades encore dépourvues d'ambassadeurs pour des contrats d'une valeur de plus de 119 milliards de dollars. C'est aussi ainsi que l'Amérique perd de l'influence. Les Américains ont d'ailleurs une expression consacrée pour qualifier ce type d'attitude: to shoot oneself in the foot, se tirer une balle dans le pied.

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