Les Américains

Conseil de sécurité: la peur des bruits de bottes en Ukraine

Climat étrange jeudi après-midi au Conseil de sécurité des Nations unies. Quatorze des quinze membres du Conseil de sécurité ont exhorté la Russie à respecter l'intégrité territoriale et la souveraineté de l'Ukraine. Dans les multiples interventions qui appellaient à la désescalade de la situation, à trois jours d'un référendum à haut risque en Crimée sur le rattachement de la péninsule à la Russie, l'impression qui dominait était toutefois celle d'une diplomatie qui s'essoufle.

L'ambassadeur de Russie, Vitali Tchourkine, très isolé au sein du Conseil de sécurité, a d'emblée déclaré: "Les Russes ne veulent pas la guerre et je crois que les Ukrainiens non plus." Il a dénoncé le "tableau idyllique" brossé par les Occidentaux de la situation en Ukraine avant l'actuelle crise et rappelé sa genèse. Il s'est aussi adonné à un exercice historique visant à montrer les incohérences de plusieurs membres du Conseil de sécurité. Il a rappelé ainsi le référendum organisé à Mayotte pour savoir si ce territoire souhaitait rester rattaché aux Comores ou s'il souhaitait être rattaché à la France. Vitali Tchourkine a qualifié l'attitude de la France dans ce cas "d'agression" et a rappelé que Paris avait opposé son veto à ce sujet au sein du Conseil de sécurité.

Pour sa part, le premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a exhorté la Russie à retirer ses troupes de Crimée le plus rapidement possible. Ambassadrice américaine auprès de l'ONU, Samantha Power a souligné la "remarquable retenue" des autorités ukrainiennes dans la crise actuelle. Elle a continué à plaider pour une solution diplomatique, mais a dit douter de l'intérêt que Moscou semble porter à une telle voie.

Gérard Araud, l'ambassadeur de France, n'a pas mâché ses mots: "L'ironie atteint le surréalisme, lorsque la Russie invoque l’avis de la Cour Internationale de Justice qui juge que la déclaration unilatérale d’indépendance du Kossovo n’était pas illégale; avis qu’elle n’a jamais reconnu, indépendance qu’elle a toujours combattue. Nous attendons donc avec intérêt la conclusion logique de cette conversion inattendue, c’est-à-dire la reconnaissance du Kossovo par la Russie. Osera-t-on cependant faire remarquer que, dans son avis, la Cour Internationale de Justice posait deux conditions, l’une était le caractère contesté du territoire qui avait conduit à l’existence d’un ordre juridique particulier, la résolution 1244, et l’autre le non recours à la force ; conditions à l’évidence non remplie en Crimée dont le statut n’était en rien disputé que ce soit par Moscou ou par l’Assemblée locale et où c’est l’occupation russe qui permet à une faction qui avait obtenu 4% aux élections locales d’organiser un simulacre de consultation à l’ombre des baïonnettes russes. Comme l’a dit ce matin M. Fabius, le ministre française des Affaires étrangères, en Crimée dimanche, le choix sera entre oui et oui."

Ci-après, les interventions devant la presse onusienne du premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk et de l'ambassadrice des Etats-Unis auprès de l'ONU Samantha Power:

 Le premier ministre ukrainien exhorte la Russie à retirer ses troupes:

 

 

La vérité, selon le premier ministre ukrainien, c'est que la Russie s'est rendue coupable d'une agression militaire:

 

 

Le premier ministre ukrainien se demande: "Quel est l'objectif final de la Russie?"

 

 

Selon l'ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations unies à New York, Samantha Power, "le référendum sur la Crimée est illégal":

 

 

Samantha Power ne s'en cache pas: "La fenêtre diplomatique est en train de se fermer.":

 

 

L'ambassadrice américaine présente le projet de résolution que les Etats-Unis ont présenté au Conseil de sécurité afin de préserver l'intégrité territoriale et la souveraineté de l'Ukraine. Le projet a peu de chance de passer la rampe étant donné le veto russe, mais il risque d'isoler Moscou. La formulation du texte semble d'ailleurs tenir compte des préoccupations chinoises. L'ambassadeur chinois Liu Jieyi avait surpris en indiquant que son pays mettait en garde contre toute violation de la souverainté et intégrité territoriale d'un Etat. C'était une critique très feutrée du Kremlin et une distanciation étonnante de Moscou.

 

 

Samantha Power ironise sur les "leçons de géographie et d'histoire" de son homologue russe Vitali Tchourkine. Elle s'étonne de la manière dont Moscou interprète la notion d'auto-détermination, une "auto-détermination russe" pour ce qui est de la Crimée:

 

 

 

 

 

 

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