Les Américains

Les nuages s’accumulent sur le futur du gouverneur Chris Christie

Comme disent les Américains, il n'y a pour l'instant pas de "smoking gun", de preuve tangible démontrant que Chris Christie, le gouverneur du New Jersey, a orchestré, par le biais de son équipe, le blocage du point le plus fréquenté du monde, le George Washington Bridge qui relie Fort Lee dans le New Jersey à Manhattan au-dessus du Hudson afin de nuire au maire démocrate de cette petite ville du New Jersey. Mais la conférence de presse donnée la semaine dernière par le tribun républicain n'a pas suffi à lever les doutes. Bien au contraire.

Depuis la publication vendredi dernier de milliers de pages de courriels, il ressort qu'un nombre accru de personnes dans l'entourage de Chris Christie étaient au courant de la mesure de fermeture de plusieurs voies de circulation qui a provoqué un chaos pendant plusieurs jours. Désormais, plusieurs commissions d'enquête du parlement du New Jersey devraient tenter d'en savoir plus. Car aujourd'hui, peu sont ceux qui pensent que le gouverneur, qui a la réputation de s'impliquer dans le micro-management, n'était au courant de rien jusqu'à la semaine dernière alors qu'il était en pleine campagne pour se faire réélire gouverneur.

En ce début de semaine, deux autres nouvelles sont venues jeter une lumière encore plus crue sur le personnage de Chris Christie, un candidat possible à l'investiture républicaine pour la présidentielle 2016. La première concerne le maire de Jersey City, la deuxième plus grande ville de l'Etat. Steve Fulop a été élu à la mairie au printemps 2013. Peu après, l'office du gouverneur Christie n'a cessé de le solliciter pour lui demander s'il avait besoin d'aide, notamment pour la journée où il serait investi maire. Il a même proposé à Steve Fulop des rendez-vous avec plusieurs hauts responsables du cabinet de Chris Christie afin de discuter de plusieurs problématiques. C'est surtout Bridget Anne Kelly, la cheffe adjointe de cabinet du gouverneur qui s'est chargée de ces contacts. Elle a même proposé des heures possibles de rendez-vous. Tant d'honneur pour le maire fraîchement élu était bouleversant. Mais deux jours plus tard, le même office du gouverneur demande à Steve Fulop s'il peut soutenir Chris Christie dans sa campagne pour se faire réélire gouverneur. Démocrate, le maire de Jersey City refuse. Une heure après un tel refus, les rendez-vous avec les hauts responsables du cabinet Christie sont tous annulés. Steve Fulop propose à sa secrétaire de proposer d'autres dates. Rien à faire. L'intérêt du cabinet de Chris Christie s'est évanoui. Bridget Anne Kelly est précisément la personne qui a envoyé un email à un haut responsable de Port Authority (instance chargée de plusieurs infrastructures entre New York et le New Jersey), David Wilstein, relevant qu'il était temps de provoquer des problèmes de trafic sur le pont George Washington…

La seconde nouvelle du jour a trait à l'enquête lancée par le Department of Housing and Urban Development (Département fédéral du logement et du développement urbain) sur la manière dont 25 millions de fonds de secours attribués par Washington à l'Etat du New Jersey après la dévastation provoquée par l'ouragan Sandy ont été utilisés. Or il apparaît que Chris Christie a utilisé une partie de cet argent pour une publicité sur l'Etat du New Jersey. En soi, cela ne serait pas un problème si la publicité s'était contentée de faire de la publicité pour le New Jersey, le tourisme étant aussi une manière de reconstruire l'Etat dévasté. Mais elle met également en scène Chris Christie qui est en pleine campagne électorale.

Même sans preuve tangible, les dégâts d'image pour Chris Christie sont réels. Le commentateur conservateur George Wil vient ainsi de faire un parallèle, sur Fox News, entre l'abus de pouvoir de Nixon pour écraser ses adversaires démocrates et la manière dont le cabinet de Chris Christie aurait tenté de faire de même avec les maires démocrates du New Jersey. Le site d'information Salon a même soumis la conférence de Chris Christie au "détecteur de mensonge" en décryptant les excès d'excuse, le manque d'émotions pour des déclarations graves voire l'utilisation de détails inutiles.

L'affaire ne devrait pas pour l'heure empêcher Chris Christie, s'il le désire,  de convoiter l'investiture républicaine. Mais il ne faudrait pas d'autres révélations embarrassantes.

 Les explications de CNN sur l'utilisation de l'argent de Washington pour une pub:

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