Les Américains

Le fléau du chômage de longue durée

Le Sénat américain vient d'approuver une extension de l'assurance-chômage pour 1,3 million d'Américains dont les indemnités furent supprimées à la fin 2013. Au vu de l'hostilité républicaine pour toute intervention de l'Etat dans la sphère de l'individu, le vote fut non seulement une surprise, mais aussi une petite victoire pour les démocrates et l'administration Obama qui se sont engagés pour l'extension de cette mesure. Mais rien n'est joué. Le vote du Sénat doit être confirmé par la Chambre des représentants où les républicains dominent et ne sont pas prêts à des concessions de ce type à l'Etat social. 11-20-13ui-f3

Or comme le souligne Brad Plumer dans le Wonkblog du Washington Post, il y a actuellement 4 millions d'Américains qui sont sans emploi depuis 27 semaines et plus, un état considéré comme celui d'un chômeur de longue durée. Il faut remonter à la Seconde Guerre mondiale pour trouver un chômage de longue durée aussi important. Et toutes les couches de la société sont concernés: les travailleurs éduqués ou non, mariés ou non, jeunes ou vieux.

Pour trouver un travail quand on est chômeur de longue durée, les chances sont maigres, selon le Wonkblog: elles se limitent à 12%… Il faut dire que bon nombres d'employeurs méprisent les CV envoyés par des sans-emploi de longue durée. Le chômage de longue durée a par ailleurs des effets fâcheux sur la santé des demandeurs d'emploi, sur les relations familiales. Le taux de suicide parmi cette catégorie de la population est aussi plus élevé.

La volonté de certains républicains du Congrès de ne pas prolonger l'assurance-chômage contredit la réalité suivante: il faut en moyenne 35 semaines pour trouver un nouvel emploi. Si le Congrès refuse l'extension, 5 millions de chômeurs de longue durée seront sans ressources. Or si les républicains du Capitole sont prompts à dénoncer la paresse de ceux qui sont au chômage pour une durée supérieure à 27 semaines, le Congrès lui-même ne fait rien pour aider ces mêmes chômeurs à trouver du travail. Pas de mesures incitatives auprès des employeurs qui engageraient de telles personnes, ni de programmes de partage du travail.

La persistance d'un chômage de longue durée aux Etats-Unis est, poursuit Brad Plumer, néfaste pour l'économie américaine qui perd en productivité.

 

 

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