Les Américains

Intervention en Syrie: l’incroyable confusion des Américains

Difficile d'avoir un avis tranché sur la nécessité ou non d'intervenir en Syrie. Le bourbier syrien est d'une telle complexité que
RTX137DIpersonne ne semble être en mesure d'articuler une stratégie qui tienne la route. Dans le concert cacophonique des opinions sur la question, le paysage politique américain est plutôt déconcertant. Le président Barack Obama a construit sa candidature en 2008 sur son opposition à la guerre en Irak et a axé son premier mandat sur le retrait d'Irak et prochainement d'Afghanistan. Aujourd'hui, c'est lui qui souhaite mener des frappes contre la Syrie pour punir le régime qui aurait utilisé massivement des armes chimiques lors d'une attaque meurtrière le 21 août dernier après avoir déjà lancé plusieurs attaques plus limitées au cours du printemps. John Kerry et Chuck Hagel (photo Jason Reed/Reuters), les secrétaires d'Etat et à la Défense, deux anciens combattants du Vietnam, ont été recruté notamment en raison de leurs réserves quant il s'agit de s'engager dans une guerre. Aujourd'hui, John Kerry ne voit plus d'alternative. L'Amérique doit frapper la Syrie sans quoi le régime d'interdiction des armes de destruction massive ne sera plus crédible. Même Nancy Pelosi, leader de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, réputée pour s'opposer aux aventures guerrières, soutient la Maison-Blanche. Le général Martin Dempsey, qui déclarait avant l'été qu'armer les rebelles pourrait être contre-productif, a toujours été sceptique quant à une opération militaire. Désormais, il semble se rallier aux arguments de la Maison-Blanche.

De l'autre côté du spectre, Marco Rubio, le républicain proche du Tea Party et possible candidat à la présidentielle 2016, n'a cessé de tergiverser. Mercredi, il a finalement refusé de soutenir l'administration démocrate qu'il n'a pourtant cessé de critiquer pour être trop pacifique vis-à-vis des ennemis de l'Amérique. Liz Cheney, la fille de l'ex-vice-président de George W. Bush, qui n'a rien à envier à son père quand il s'agit de montrer la force de l'Amérique, a elle aussi surpris tout le monde en déclarant qu'elle s'opposait à toute intervention. Elle est, il est vrai, candidate au Sénat en 2014 et compte sur le Tea Party pour battre un autre républicain pourtant proche de la famille Cheney…

La confusion des rôles n'est pas qu'américaine. Le Royaume-Uni a basculé dans le camp des "pacifistes" la semaine dernière quand le parlement a refusé de soutenir le premier ministre David Cameron. Or durant la campagne guerrière d'Irak, son premier ministre Tony Blair fut considéré comme le "caniche" de George W. Bush pour suivre sans esprit critique la politique de l'administration républicaine. La France, qui en 2003 s'était distinguée par son refus d'appuyer une résolution américaine à l'ONU pour combattre dans l'Irak de Saddam Hussein, est aujourd'hui le seul allié a priori prêt à en soutenir l'Amérique.

Cette situation révèle une chose. La situation en Syrie est si grave qu'aucune solution ne semble adaptée. Tout le monde débat désormais de la "moins mauvaise option", de celle qui auront les conséquences les moins désastreuses. Un scénario pour le moins pessismiste.

 

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