
Dans le Sunday Times de Londres, l'ancien premier ministre britannique Tony Blair (photo Rus Guelas/Reuters) livre ses réflexions sur une éventuelle intervention américaine en Syrie. L'homme a de l'expérience. Aux côtés de George W. Bush, il avait jugé indispensable d'intervenir en Irak en mars 2003 pour empêcher Saddam Hussein d'utiliser des armes de destruction massive. Après coup, il s'est avéré qu'aucune de ces armes n'existait dans l'Irak de Saddam. Lors d'audiences menées dans le cadre d'une vaste enquête du parlement britannique voici quelque trois ans, Tony Blair n'avait pas jugé utile de s'excuser. Or sa décision de suivre simplement les néoconservateurs américains dans leur campagne de démocratisation du Moyen-Orient lui avait valu le surnom de "poodle" de George W. Bush, de caniche. Jeudi dernier, si la Chambre des Communes a refusé d'autoriser le premier ministre David Cameron à épauler l'Amérique lors de frappes contre la Syrie, c'est sans doute en grande partie dû à l'attitude de Tony Blair lors de la guerre en Irak.
Ses conseils butent dès lors sur un scepticisme pour le moins compréhensible. "Les Occidentaux sont à un carrefour: faut-il commenter ou agir, façonner les événements ou se contenter de réagir?", se demande Tony Blair. L'ex-premier ministre britannique n'avait pas réagi. Il avait participé, avec les Américains à une attaque préventive de l'Irak. Cela n'a cependant pas amélioré la situation de l'Irak où aucun des problèmes existant à l'époque du dictateur Saddam Hussein n'a été résolu. Pour Tony Blair, des frappes aériennes limitées en ampleur et en durée ne feraient de fait qu'alléger la conscience de politiques conscients de leur impuissance et ne changeraient rien sur le terrain. Elles ne permettraient sans doute pas, estime–t-il, à la Syrie de se stabiliser et de retrouver la paix.
La situation syrienne est sérieuse et personne ne semble avoir une solution au chaos et à la tragédie humaine. Dans ce contexte de forte incertitude, il n'est pas sûr que les conseils de Tony Blair soient particulièrement éclairants.