Les Américains

Romney, Twitter et l’ambassade du Caire

Les commentateurs américains n'ont pas été tendre avec Mitt Romney dans l'affaire de l'ambassade (photo Mohamed Abd El Ghany/Reuters) des Etats-Unis au Caire. US embassyAlors qu'il était en pleine campagne électorale à Jacksonville en Floride, le candidat républicain a commenté à chaud, via un communiqué, le tweet envoyé par l'ambassade américaine de la capitale égyptienne qui condamnait "les efforts continus d'individus mal avisés pour heurter les sentiments religieux de musulmans […] et les tentatives d'offenser les croyants de toutes religions". Il y condamnait le ton absurde du message qui laissait entendre que l'Amérique s'excusait de la diffusion d'une vidéo islamophobe, "L'Innocence des musulmans", alors que des islamistes radicaux prenaient d'assaut l'ambassade.

Or la chronologie des faits nous montre que Mitt Romney a réagi trop vite. Les commentateurs jeudi abondaient dans ce sens, affirmant même, pour certains, qu'il avait déjà perdu toute stature présidentielle. Le tweet de Larry Schwartz, du service de communication de l'ambassade, a été envoyé avant l'assaut de l'ambassade. Cette dernière souhaitait précisément éviter toute manifestation et calmer les esprits après que la vidéo très controversée et insultante eut été diffusée sur YouTube et sur la télévision égyptienne. Mitt Romney n'était bien entendu pas au courant de ce timing. Mais le lendemain, il n'en démordait pas, insistant sur le fait que l'administration Obama continuait de s'excuser dans le monde entier. Nicholas Burns, un haut diplomate du département d'Etat, qui a travaillé pour l'ancien président républicain George W. Bush, s'est dit "consterné de voir le gouverneur Romney insuffler de la politique […] quand nos ambassades sont attaquées".

Ce type de soft power, pourtant, ne date pas de l'accession de Barack Obama à la Maison-Blanche, même si à l'époque il ne s'exprimait pas par le biais de Twitter. Frappée par les manifestations de violence anti-américaines en 2005 qui avaient éclaté après qu'un coran fut jeté dans les toilettes par des responsables américains qui interrogeaient des suspects d'Al-Qaida, l'administration de George W. Bush avait, comme nous l'apprend le Washington Post, tout fait pour éteindre l'incendie qui se déclarait dans le monde arabe. La secrétaire d'Etat adjointe de l'époque, Karen Hughes, en charge des relations publiques, s'était fait l'auteur de plusieurs déclarations similaires au tweet du Caire.

Analysant cet événement, l'éditorialiste du "New York Times" Gail Collins résume l'affaire ainsi: "Mitt's Major Meltdown".

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