D'ici et d'ailleurs

Un an après… le Nicaragua est toujours en crise

Il y a des anniversaires qu’on se passerait de fêter, comme celui du début de la crise au Nicaragua, il y a un peu plus d’un an. En guise de carte de vœux, un signe qui ne  trompe pas: les communiqués des organisations de défense des droits humains et des Nation-unies qui tirent la sonnette d’alarme, parlant d’arrestations arbitraires, d’intimidations et de journalistes harcelés.  Amnesty International s’inquiète de cette “spirale de violence étatique,” témoignages à l’appui. À Pâques, les manifestants n’ont pas été les seuls à subir la répression car même les participants à une procession religieuse auraient été inquiétés, selon l’organisation.

En termes d’habitants, le Nicaragua est un peu moins peuplé que la Suisse, avec quelque 6 millions d’habitants. En un an, un Nicaraguayen sur 100 a cherché refuge ailleurs: plus de 62’000 personnes ont fui le pays depuis le 18 avril 2018, indique le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme. Celui-ci dénombre plus de 300 morts, parmi lesquels des enfants, plus de 2000 blessés et des centaines de personnes emprisonnées.

Ferme aux environs de La Dalia, Nicaragua

Parmi les personnes qui ont fui le pays, la plupart ont trouvé refuge dans l’État voisin du Costa-Rica, selon la Cour interaméricaine des droits de l’Homme. Celle-ci s’inquiète par ailleurs de l’expulsion de centaines de travailleurs dans le domaine de la santé et de journalistes contraints à l’exil. Les négociations entre le gouvernement et la société civile sont au point mort malgré les appels réitérés de la communauté internationale.

Le Nicaragua est le deuxième pays le plus pauvre d’Amérique Latine. Dans les zones rurales, plus de 60% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté (moins de 2 dollars par jour), rappelle l’ONG Swissaid. Aux violences politiques s’ajoutent les phénomènes climatiques extrêmes: les petits agriculteurs vivant dans le “corridor sec” qui traverse l’Amérique centrale ont été victimes, qui de terribles sécheresses, qui de précipitations catastrophiques, attribués au phénomène climatique “El Niño. Selon différents offices des Nations-unies, seule la revitalisation de ces régions peut empêcher un exode massif. Cet appel à la coopération au développement apparaît un peu comme un cri dans le désert, à l’heure où d’aucuns, parmi les pays européens, délaissent l’Amérique latine pour d’autres continents plus en phase avec les préoccupations supposées des électrices et des électeurs.

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