Le Pendolino

“Novax Jokovid” ou la sortie du court de tennis de Djokovic

(source photo: Le Matin)

Le monde médiatique est tissé de polémiques qui durent jusqu’à une semaine, maximum deux. Puis, la crise de communication perd de son intensité. Or, cette saga s’étale et Djoko chute pour s’étaler. Ce feuilleton médiatique de Novax laissera une trace, une marque, non pas sur les lignes du court, mais sur la carrière de l’actuel numéro un mondial de tennis. Honnêtement, pour reprendre une expression sportive, Djoko est sorti de son match pour se transformer en quelques jours en gourou. Nole a quitté le court pour devenir un bouffon de cour. N’oublions pas que son parcours sinueux tout au long de la pandémie le préparait lentement et sûrement à cette déviance. 

Novak est un immense champion de tennis, sans doute la seule certitude dans ce roman de science fiction. Au fond, la fine pointe de ce flot d’informations concerne justement la science.

Selon certains médias, Djokovic serait entré dans une sorte de croyance parallèle à la science. Pour notre champion, l’allergie au gluten serait facilement diagnostiquée par un simple mouvement du bras avec un morceau de pain. Il serait aussi possible de guérir par la seule pensée positive.

Cela évoque la gnose. La quoi ? La gnose est un courant de pensée des premiers siècles du christianisme. Pour être bref: le salut par la connaissance réservée à une élite. La vérité serait cachée et seuls les initiés peuvent y parvenir. Les anti-vaccins se nourrissent de cette science “occulte” qu’ils possèdent par une supériorité intellectuelle, un avantage sur le commun des mortels, voir une élévation de l’esprit. Pour Dkojo, la spiritualité est précisément une ascension.

«Dieu est omniscient. Les grands idéaux que sont la morale et l’éthique sont les étoiles qui mènent à l’ascension spirituelle. Ma bénédiction est spirituelle et [celle des Australiens] se base sur la richesse matérielle.» Tweet de Nowak

Pour le Pape, se vacciner est un acte de charité

Je me permets de faire un parallèle entre le discours de François du mois de janvier aux 168 ambassadeurs réunis au Vatican et la pseudo-doctrine du champion de tennis.

“En même temps, nous avons pu constater que là où une campagne de vaccination efficace a eu lieu, le risque d’une évolution grave de la maladie a diminué” François

Le message papal vise l’accès au vaccin pour tous, surtout pour les plus pauvres, porte son attention envers les réfugiés et veut combattre les nationalismes. Alors que Djokovic sortait presque simultanément de son hôtel, ce fut comme si le bon berger répondait à la bergère, ou le pasteur au gourou. 

Le joueur de tennis a résolument quitté ses baskets pour des recours juridiques contre des recours politiques, non plus pour un match de tennis, mais une partie de ping-pong entre avocats et hommes de lois, comme des coups de poings dont les Kangourous australiens sont coutumiers. Après plus que des doubles fautes, je me réjouis du point final. 

Discours de François aux ambassadeurs : (lien)

“En même temps, nous avons pu constater que là où une campagne de vaccination efficace a eu lieu, le risque d’une évolution grave de la maladie a diminué.

Il est donc important de poursuivre l’effort pour immuniser autant que possible la population. Cela exige un engagement multiple au niveau personnel, politique, et de la communauté internationale tout entière. Avant tout au niveau personnel. Nous avons tous la responsabilité de prendre soin de nous-mêmes et de notre santé, ce qui signifie également le respect de la santé de qui nous est proche. Le soin de la santé est une obligation morale.

Malheureusement, nous constatons de plus en plus que nous vivons dans un monde aux forts contrastes idéologiques. On se laisse souvent conditionner par l’idéologie du moment, souvent construite sur des informations infondées ou sur des faits mal documentés. Toute affirmation idéologique rompt les liens de la raison humaine avec la réalité objective des choses.

La pandémie, au contraire, nous impose précisément une sorte de “cure de réalité” qui exige de regarder le problème en face et d’adopter les solutions appropriées pour le résoudre. Les vaccins ne sont pas des outils magiques de guérison, mais ils représentent certainement, en plus des traitements qui doivent être développés, la solution la plus raisonnable pour la prévention de la maladie.

La politique doit aussi s’engager à poursuivre le bien de la population par des décisions de prévention et d’immunisation, qui interpellent également les citoyens pour qu’ils se sentent impliqués et responsables, par une communication transparente des problèmatiques et des mesures appropriées pour y faire face. Le manque de fermeté dans les décisions et de clarté dans la communication engendre la confusion, crée la méfiance et sape la cohésion sociale en alimentant de nouvelles tensions. Un “relativisme social”, qui blesse l’harmonie et l’unité, s’instaure.

Enfin, un engagement global de la communauté internationale est nécessaire pour que l’ensemble de la population mondiale ait un accès égal aux soins médicaux essentiels et aux vaccins. Malheureusement, il faut constater avec douleur que l’accès universel aux soins de santé reste un mirage dans de vastes régions du monde. À un moment aussi grave pour toute l’humanité, je réitère mon appel pour que les Gouvernements et les organismes privés concernés fassent preuve de sens des responsabilités, en élaborant une réponse coordonnée à tous les niveaux (local, national, régional, mondial), à travers de nouveaux modèles de solidarité et par des instruments permettant de renforcer les capacités des pays qui en ont le plus besoin.

Je me permet d’exhorter en particulier les États, qui s’efforcent d’établir un instrument international de préparation et de réponse aux pandémies sous l’égide de l’Organisation Mondiale de la Santé, à adopter une politique de partage désintéressée, comme principe-clé pour garantir à tous l’accès aux outils de diagnostic, aux vaccins et aux médicaments. De même, il est souhaitable que des institutions telles que l’Organisation Mondiale du Commerce et l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle ajustent leurs instruments juridiques, afin que les règles monopolistiques ne constituent pas de nouveaux obstacles à la production et à un accès organisé et cohérent aux soins au niveau mondial.

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