Tuons la nature avec un nouvel imaginaire !

Depuis l’émergence de la modernité, soit depuis les Lumières, les époques successives ont accentué la pensée de l’homme tout-puissant et la coupure massive avec le reste du vivant et du non-vivant. Cette coupure a créé un imaginaire dans lequel l’homme se place au centre et l’environnement est destiné à être exploité à son profit. Cela a conduit à une absence de conscience de la rareté des ressources, un pillage exhaustif de celles-ci, un extractivisme généralisé et une hybridation technologique maximale.

Cette coupure a créé une notion abstraite de “nature”. Derrière ce mot se cache un concept abscond, qui pourrait être résumé par “tout ce qui n’est pas nous”. Mais la nature n’existe pas. C’est une idée que certains peuvent trouver surprenante, voire choquante. Pourtant, si l’on y réfléchit, cette affirmation peut nous mener à une nouvelle façon de voir le monde qui nous entoure.

Quand nous parlons de nature, nous avons tendance à la considérer comme quelque chose d’extérieur à nous, de séparé de notre propre existence. Nous avons l’impression d’être des observateurs, des étrangers qui contemplent un spectacle que la nature nous offre. Cette vision est erronée. En réalité, nous sommes nous-mêmes partie intégrante de ce qui est souvent appelé “nature”. Nous ne sommes pas des êtres séparés, mais des éléments d’un système complexe et interconnecté qui englobe l’ensemble de la vie sur Terre.

Les arbres, les animaux, les rivières et les montagnes ne sont pas simplement des éléments décoratifs dans le paysage. Ils sont les parties intégrantes d’un système dont nous faisons également partie. Nous sommes interdépendants les uns des autres, en lien avec tout ce qui nous entoure. Nous sommes les gardiens de cette Terre, les artisans de notre environnement.

Au 20ème siècle, cet imaginaire s’est fusionné avec la science-fiction, créant le cyberpunk, où la technologie est vue comme un vecteur d’émancipation pour l’espèce humaine. Cette idée a renforcé la croyance que la technologie peut libérer l’homme, augmentant ses possibilités de vie et créant un futur où les ressources énergétiques seront captées encore plus efficacement.

Cependant, cet imaginaire est porté par une des forces les plus puissantes de modification de nos quotidiens : la Silicon Valley. Les GAFAM créent le monde des applications, des services, des logiciels et de la consommation dans lequel nous opérons, généralisant et épaississant ce technocapitalisme dans lequel nous vivons. Ils créent l’idée que la technologie va nous outiller pour mieux  communiquer à distance, intensifiant des liens virtuels tout en distanciant les relations sociales.

D’un autre côté, il y a l’imaginaire du vivant. Cet imaginaire souligne que nous sommes un vivant parmi les autres vivants et non-vivants, habitant les autres espèces et que ces espèces habitent dans notre habitat. Tout l’enjeu est le tissage de liens avec le vivant, intensifiant l’empathie que nous avons avec les autres espèces, avec les biotopes, les animaux, le végétal et l’ensemble des éléments de notre Terre. Ce tissage de liens permettra d’arrêter le pillage exhaustif et de respecter le monde dans lequel nous vivons mais nécessite une révolution copernicienne.

Le capitalisme et la modernité sont une attaque générale sur les liens, entre les hommes et entre les hommes et le reste du vivant et du non-vivant. Cela conduit à l’émergence de l’individualisme et de l’homme égotiste, égocentrique, et attaque également les liens que nous tissons avec nous-mêmes. La construction de soi est attaquée par ces mouvements solidement ancrés dans la pensée occidentale.

Les liens sont essentiels pour l’homme, il est donc temps de tisser des liens avec l’ensemble du vivant, de les intensifier et de les déployer de plus en plus finement afin que l’empathie que nous avons avec les autres espèces, les biotopes, les animaux et le végétal devienne de plus en plus riche.

Et si nous commencions par poser de nouvelles questions ? Et si nous remettions en question nos certitudes et nos habitudes ? Et si nous commencions à écouter davantage l’ensemble du vivant et du non-vivant et à nous inspirer de leurs enseignements ?

Nous avons le pouvoir de changer les choses, et cela commence par un simple changement de perspective. Alors tuons la nature avec un nouvel imaginaire !

Si cette quête d’un nouvel imaginaire vous inspire, je vous recommande de lire les romans d’Alain Damasio, notamment les Furtifs, et si les gros pavés vous effraient, laissez-vous tenter par la série de BD/romans graphique Petit traité d’écologie sauvage d’Alessandro Pignocchi, ou tout simplement de ses articles de blog.

David Matthey-Doret & chatGPT

David Matthey-Doret

David Matthey-Doret est coach / formateur certifié / conférencier inspirant. Sa passion est de faciliter la transformation des individus et des organisations. Il concentre son énergie à apporter à ses clients l'intégrité entre la vie professionnelle et personnelle, en coachant les individus et en soutenant la transformation du management vers des approches centrées sur l'humain.