Il est intéressant de constater que plusieurs films, au cours de ces dernières années proposent une vision de l’Allemagne, durant la Deuxième Guerre mondiale, décalée par rapport au film de guerre standard.
Ainsi Napola, de 2004, nous plonge dans les écoles d’élite du IIIème Reich, expliquant la froide mécanique du fonctionnement de l’endoctrinement et le rejet de ce dernier par des jeunes opposés à l’inhumanité des principes inculqués.
La superproduction Walkyrie, de 2008, évoque avec une précision horlogère la tentative d’assassinat du comte Claus von Stauffenberg contre Hitler dans son bunker de Prusse orientale en juillet 1944, et met en lumière la résistance allemande contre le régime. Une histoire qui reflète la mouvance antinazie qui agitait alors une partie des cercles aristocratiques germaniques et dont certains groupuscules comme le Cercle de Kreisau ou le Schomberger Kreis de Munich furent des fers de lance.
Into the white, de 2012, met en image l’histoire de cinq pilotes anglais et allemands, abattus dans le ciel de Norvège et isolés dans une solitude de glace les forçant à collaborer ensemble pour survivre, et à raconter leur histoire respective. Un choc de culture les menant inexorablement sur le chemin de l’amitié.
La Voleuse de livres, de 2013, raconte l’histoire d’une fillette, enfant de communistes déportés, recueillie en 1942 par une famille modeste de la banlieue de Munich, cachant un réfugié juif dans sa cave. Opposé au parti, le père de famille, un homme ordinaire ayant survécu à la Première Guerre mondiale, défend la mémoire de ses compatriotes juifs tombés pour l’Allemagne en 1914 avant de mourir sous les bombes alliées.
Quelques exemples de productions aux confins de Band of brothers, d’Inglorious bastards, de Stalingrad ou de Il faut sauver le soldat Ryan, qui font échos à des études historiques comme l’ouvrage de Peter Fritzsche Vivre et mourir sous le IIIème Reich (2012) ou à La Fabrication du consentement (1988) de Noam Chomsky, et qui relatent une part de l’Allemagne encore méconnue, celle d’un pays écrasé par les talons d’une junte de truands fascistes. Des productions qui s’inscrivent dans le même cadre explicatif que celui du Centre de documentation sur le parti National Socialiste de Nuremberg, et qui démontrent l’inéluctabilité de l’horreur, lorsque le fonctionnement social cède le pas à des convictions politiques basées sur la frustration, la misère et l’échec.
Des œuvres qui nous renvoient à la problématique de la propagande et au reconditionnement du libre arbitre des individus, une corruption de la capacité d'analyse faite de contraintes, de peur et de domination, des violences qui n’ont rien perdu de leur actualité dans certaines parties du monde.