Politique, écologie et société

Climat: passer à un monde post-croissance et tendre vers la sobriété heureuse

Selon le sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) il ne fait désormais plus aucun doute que les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine ont réchauffé le climat et sont également en partie responsables des récents phénomènes climatiques et météorologiques extrêmes. Malgré cette évidence scientifique, elles ont continué à augmenter ces dernières années. La concentration de CO2 dans l’atmosphère est aujourd’hui plus élevée qu’elle ne l’a été depuis au moins 2 millions d’années.

 

Les coûts des événements météorologiques extrêmes vont prendre l’ascenseur

Très concrètement, cela se traduit par la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes pouvant provoquer des catastrophes géologiques comme des laves torrentielles, des chutes de pierres du fait notamment de la fonte du pergélisol (le sol gelé en permanence). Les glaciers, qui fondent à vue d’œil, auront tous quasiment disparus à la fin du siècle en Valais si on n’agit pas de manière déterminée. A l’avenir, les étés seront plus secs, les précipitations plus intenses et la limite du zéro degré va continuer à s’élever avec des conséquences, entre autres, sur la couverture neigeuse en hiver.

Le réchauffement climatique a déjà et aura un impact de plus en plus important pour des secteurs économiques importants comme l‘hydro-électricité, le tourisme ou l’agriculture. Dans les régions de montagne, ce sont aussi les coûts liés à la réparation des dégâts après les intempéries et événements météorologiques extrêmes qui vont prendre l’ascenseur. Ainsi que les coûts liés à la prévention et à la sécurisation contre les risques naturels.

 

La croissance n’est pas compatible avec les limites de l’écosystème planétaire

Mais la partie n’est pas encore perdue. Le 6ème rapport du GIEC précise bien que l’augmentation de la température mondiale pourrait être limitée à moins de 2 °C d’ici la fin du siècle par rapport aux valeurs préindustrielles si des mesures conséquentes de protection du climat sont prises. Qu’entend-on par “mesures conséquentes”?

Soutenir les énergies renouvelables? Favoriser les progrès technologiques favorisant la décarbonisation de l’économie? Développer l’économie circulaire? Oui bien sûr! mais ce ne sera pas suffisant.

Si l’on tient compte qu’une partie importante de la population mondiale cherche tout à fait légitimement à sortir de la pauvreté et par conséquent émettra plus de gaz à effet de serre à l’avenir, les pays industrialisés devront prendre leurs responsabilités et nous devrons changer nos modes de vie.

 

Une transition difficile qui passe par un nouvel imaginaire du bonheur

Moins de consommation, moins de déplacements, voilà la direction qu’il faut emprunter. Une transition difficile qu’il faut accompagner par l’invention d’un nouvel imaginaire du bien-vivre. A l’image de la sobriété heureuse prônée par le penseur Pierre Rabhi.

 

« Qu’est-ce que vivre ? Nous avons choisi la frénésie comme mode d’existence et nous inventons des machines pour nous la rendre supportable. Tandis que nous nous battons avec le temps qui passe, celui qu’il faut gagner, nos véhicules, nos avions, nos ordinateurs nous font oublier que ce n’est pas le temps qui passe mais nous qui passons. »
                                                       Pierre Rabhi, dans Vers la Sobriété Heureuse, Actes Sud Editions

 

La croissance économique et l’augmentation du PIB, aujourd’hui indicateurs de la réussite planétaire, ne peuvent pas servir à la lutte contre le réchauffement. La croissance n’est simplement pas compatible avec les limites de l’écosystème planétaire. Sans compter que les richesses que nous produisons, en Suisse et dans le monde, améliorent toujours plus notre confort, mais elles sont mal réparties et ne profitent pas à toute la population.

Si nous voulons que nos enfants et petits-enfants puissent encore voir un bout de glacier ou qu’ils puissent encore vivre dans nos vallées sans que les risques naturels les en empêchent, il faut non seulement des politiques étatiques fortes de protection du climat, mais aussi que nous changions nos valeurs. La publicité nous fait croire que le bonheur est assimilé à la possession de toujours plus de biens matériels. Mais la vraie richesse, c’est celle de nos relations sociales et du partage avec les plus démunis. La protection du climat passera certainement par ce nouvel imaginaire du bonheur.

 

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